Le comédien Jean-Paul Roussillon est mort vendredi 31 juillet à Auxerre, à l’âge de 78 ans. Il avait été hospitalisé jeudi dernier.
« Il était très fatigué » a expliqué au Monde Catherine Ferran, l’épouse de Jean-Paul Roussillon. Malade depuis de longues années, le comédien avait pourtant travaillé presque sans discontinuer. Il était encore récemment sur scène au Théâtre de la Colline, dans La Ceriseraie de Tchékov sous les traits de Firs, le vieux domestique oublié par tous.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
De l’acteur, on retiendra, comme l’un de ses traits les plus prégnants, sa voix si particulière. Une voix qui susurrait presque les mots, dans un souffle, avec une diction à la fois coulante et saccadée. Muriel Mayette, administratrice générale de la Comédie-Française, a rendu hommage dans un communiqué à cette voix « profonde, caverneuse, patriarcale, primaire, étrangement musicale« . Sans oublier cette moue presque malicieuse…
Même s’il avait été récemment récompensé d’un César pour son rôle dans le dernier film d’Arnaud Desplechin, Un Conte de Noël, Jean-Paul Roussillon était avant tout un homme de théâtre. La carrière du comédien avait commencé après le Conservatoire où il avait obtenu le premier prix de comédie classique en 1950, à 19 ans. Il était alors entré à la Comédie-Française et y joua du Giraudoux, Musset, Gide, et surtout du Molière. Dix ans plus tard, le jeune Roussillon pénétrait dans le Saint des Saints en devenant Sociétaire de la noble institution théâtrale française. En 1982, consécration ultime, il sera fait Sociétaire honoraire.
Mais la carrière du comédien était double, voire triple. Parallèlement à ses rôles tenus pour la Comédie-Française, il avait aussi touché à d’autres répertoires avec des auteurs dramatiques tels qu’Anouilh, Koltès, Duras ou encore Tchékov. Dès les années 1950, il fait quelques échappées vers le cinéma et tourne avec de grands noms, Verneuil, Deray, Chéreau, Tavernier, Resnais et plus récemment Desplechin avec lequel il tournera trois fois. Roussillon s’essaiera aussi à la mise en scène. Molière encore – il dirige en 1973 la toute jeune Isabelle Adjani dans L’Ecole des Femmes – mais des auteurs de tout autre registre aussi, comme Sophocle.
Toute une liste de noms, des auteurs, des réalisateurs, des personnages qui donnent la mesure du talent de ce comédien paré d’une élégante discrétion qui le faisait se couler dans ses personnages sans jamais jurer avec leur décor. En 2002, reconnaissance tardive, Jean-Paul Roussillon recevait finalement le Molière du comédien pour son rôle dans Le Jardin des Apparences. Jean-Paul Roussillon est mort à l’âge de 78 ans.
{"type":"Banniere-Basse"}