Quatre ans après ses débuts fracassants, l’artiste canadien atteint enfin son plein potentiel.
Il est de ces évidences inexplicables, mues par leur propre pouvoir d’attraction et de fascination. En 2018, lorsque débarquait de nulle part Heaven’s Only Wishful, premier morceau rêveur, tohu-bohu imparable d’influences, personne – de la presse internationale au public sous le charme – ne s’y était trompé. Alors que ce coup d’éclat inaugural, qui culmine à près de 15 millions d’écoutes sur YouTube, aurait pu pousser l’artiste de Toronto à céder aux sirènes de l’industrie. MorMor leur a préféré la valeur émancipatrice de ce départ canon pour tracer sa route en totale indépendance sur son propre label.
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Grand bien lui fasse, à l’heure tant attendue du premier album, Seth Nyquist n’a rien perdu de son originalité. Convoquant tantôt le folk éthéré et le falsetto de Mose Sumney ou une version d’obédience britannique de la musique de Blood Orange – pour ce mélange d’art pop, d’ambient, de r’n’b et de postpunk –, Semblance est surtout l’occasion de se faire les témoins de l’insolent talent de son auteur. Hors cadre, aussi touchante (Days End, Crawl) que stimulante (Chasing Ghosts, Seasons Change), la musique de MorMor semble répondre à la même intuitivité (d’écriture, de production, mélodique) qui parcourait ses premiers efforts, comme touchée par la grâce.
Semblance (Don’t Guess/Semblance). Sortie le 4 novembre.
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