Avec “Continua”, le Californien tente un pont subtil entre une pop éthérée et des pulsations électroniques. Et sur ce pont, il est interdit de danser tous en rond.
Longtemps, la musique de Nosaj Thing s’est préservée des voix. Aux envolées vocales, à la littéralité d’un propos, le Californien préférait les notes, persuadé que les mots qui ne franchissent pas les lèvres sont les plus beaux, que certains arrangements sont plus romanesques que des paroles, fussent-elles les plus belles du monde.
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De là à se méfier de ce cinquième album au casting XXL, enregistré aux côtés d’invité·es venu·es autant du jazz et de la soul que du hip-hop et de la pop ? Aucunement. Continua est l’œuvre d’un artiste qui, pour préserver son regard neuf, a préféré s’entourer de quelques collaborateur·trices : Panda Bear, Serpentwithfeet, Julianna Barwick, Toro y Moi ou encore Kazu Makino, deux artistes déjà présent·es sur Home (2013).
Des tourments et de la torpeur
Évidemment, on serait tenté de mettre tous ces duos sur le compte de la panne d’inspiration. C’est tout l’inverse : contrairement à ces producteurs prisonniers volontaires d’un son caricaturé depuis longtemps, Nosaj Thing explore ici d’autres beats, provoque d’autres vertiges, se méfie des sensations fortes pour tendre vers le recueillement, la profondeur d’une émotion, l’abandon complet.
Celui auquel invitent My Soul or Something, Woodland et Different Life : trois chansons merveilleuses et pourtant susurrées, héritières directes des volutes, des tourments et de la torpeur autrefois arpentés par Mazzy Star ou Cocteau Twins.
Continua (LuckyMe/Kuroneko). Sortie le 28 octobre.
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