La notion de “vieille télé” désigne-t-elle l’âge du média télévisuel ou renvoie-t-elle à la nécrose d’un langage et de programmes ronflants ? Désigne-t-elle l’âge des capitaines d’industrie ou la déconnection des programmateurs d’avec la vie des moins de 55 ans ?
A regarder de près les grandes chaînes, et tenter d’y deviner un quelconque souffle éditorial (souvent invisible, notamment sur France Télévisions, symbole d’un encroûtement généralisé), la “vieille télé” donne le sentiment d’avoir gagné la partie contre celle qui n’aurait pas renoncé à intéresser des classes d’âge oubliées et lâchées.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Lorsque les jeunes, appréhendés uniquement comme “cible marketing”, sont directement visés, c’est le plus souvent pour les conforter dans l’image de gros benêts voyeurs, contents de regarder des filles à poil sous la douche (Secret Story sur TF1). Quand France 3 jubile avec les audiences de son nouveau feuilleton, Un village français, et invite les futurs auteurs de fictions françaises à s’inscrire dans ce filon de la saga historique, c’est le signe d’un positionnement assumé de la chaîne sur la cible des vieux : Un village français, comme la plupart des oeuvres dites de prestige, ne fait kiffer que le troisième âge, public le plus captif et le plus choyé de la télé française.
Au point, par exemple, d’en faire un personnage au coeur même des séries, comme devra s’y plier la prochaine saison du feuilleton de France 2, Fais pas çi fais pas ça, dont les grands-parents étaient restés jusque-là absents. Puisque les vieux regardent la télé, autant qu’ils s’y voient eux-mêmes. Logique implacable. Entre un jeunisme pétri de mépris pour les jeunes et une servilité à l’égard des aînés, coeur battant des audiences, la télé dominante navigue à vue uniquement accrochée à la certitude que les retraités la sauvent de sa retraite à elle.
{"type":"Banniere-Basse"}