Selon un sondage commandé à l’IFOP par le magazine Elle, 30 % des femmes en âge de procréer interrogées ne souhaitent pas avoir d’enfant.
La natalité en France est historiquement basse et la fertilité des femmes n’en finit pas de faire l’objet de crispations nationales. Cette diminution s’inscrit dans des mouvements démographiques plus anciens, comme le recul de l’âge du mariage, l’augmentation des divorces, la cohabitation juvénile, l’allongement des études ou encore le taux d’emploi féminin. Le récent sondage IFOP mandaté par le magazine Elle et réalisé, par questionnaire, auprès de 2005 femmes de 15 ans et plus viendrait confirmer cette tendance : en effet, 30 % des nullipares interrogées et en âge de se reproduire, entre 18 et 49 ans, souhaitent le rester à l’avenir. Ces chiffres sont relativement stables selon le milieu social, dans les classes populaires (42 %), comme chez les cadres (38 %). Sans surprise, les femmes se disant féministes, écologistes mais aussi les femmes lesbiennes ou bisexuelles disent se sentir davantage concernées par le non-désir d’enfant.
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“Childfree”
Les représentations et les mentalités semblent aussi évoluer : parmi les autres chiffres à retenir dans cette étude, 50 % estiment ainsi qu’un enfant n’est pas indispensable à leur épanouissement personnel, décorelant ainsi féminité et assignation à la maternité. Le débat public amorcé par le mouvement MeToo, portant sur l’autonomie reproductive, les violences gynécologiques ou encore le thème du regret maternel aurait aussi un (léger) effet dissuasif. À ce sujet, une femme sur deux ayant au moins un enfant de moins de 3 ans dit regretter sa vie d’avant. Les femmes sondées citent également le contexte particulièrement anxiogène comme facteur : la crise environnementale et climatique motiverait le non-désir d’enfant de 39 % des femmes interrogées, tout comme les crises politiques et sociales (37 %) et la crainte de la surpopulation (35 %). Des déclarations à prendre avec des pincettes car, selon la chercheuse Charlotte Debest, spécialiste des “cf” (childfree) interrogée en 2020 dans Version Femina, “le discours écologique, relativement consensuel, permet d’abord à celui ou celle qui le tient d’assumer socialement son non-désir en passant pour quelqu’un d’altruiste et non plus d’égoïste”.
Ce désamour de la maternité est toutefois à relativiser et ce chiffre de 30 % englobant les 18-49 ans est à détailler : en effet, ce que la démographie nomme “intention de fécondité”, c’est-à-dire l’intention de devenir mère dans les trois ans, est de toute façon faible pour la jeunesse et décline après 30 ans, si l’on en croit les chercheur·euses Arnaud Regnier-Loillier et Zoé Perron qui s’y sont intéressé.
Par ailleurs, ces 30 % de femmes peuvent recouper des situations variées : la chercheuse Charlotte Debest l’a noté, le “refus de maternité” ne concerne depuis plusieurs années que 5 % des individus. “L’ infécondité volontaire, entendue comme refus ou non-désir d’enfant, laissant ainsi de côté l’infécondité résultant de problèmes de fertilité, des difficultés à trouver le/la bon·ne partenaire, de projet de parentalité reporté et donc non réalisé, est un phénomène social minoritaire.” Elle rappelait aussi la spécificité du contexte français, celui d’une “forte injonction à la parentalité encadrée par un contexte normatif qui définit le bon âge, les bonnes conditions, la bonne éducation à donner aux enfants.” Si l’on manque encore de recul pour en mesurer les effets, le passage de la PMA pour toutes en août 2021 pourrait en partie bousculer ces logiques : elles sont en effet 47 % à se dire prêtes à y recourir en tant que célibataires.
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