Un film sensible et pure, entre récit d’émancipation et chronique néoréaliste.
Après le fils dans le premier long métrage de Dario Albertini Il Figlio Manuel, voici la fille dans Anima Bella, formant tous deux un véritable diptyque, construit en parfait symétrie de l’autre. Si le premier s’attachait à décrire le combat d’un jeune homme tout juste sorti du foyer pour libérer sa mère incarcérée, le second suit une jeune bergère de 18 ans. Gioia doit prendre les rênes pour sauver son père d’une tenace addiction au jeu.
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Comme dans son précédent ouvrage, toute l’originalité du récit d’Albertini et d’inverser les fonctions de ces personnages. Le père, incapable de gérer ses pulsions destructives, devient un corps à protéger et l’enfant la figure salvatrice et porteuse des responsabilités. L’enfant devient parent, le parent enfant. Véritablement pensé comme un miroir inversé d’Il Figlio Manuel, jusqu’à la trajectoire de la personne à sauver, Gioia devra ironiquement enfermer son père (un centre de désintoxication) pour mieux le libérer.
Tableau impressionniste
C’est précisément lorsque la jeune femme se retrouve seule et découvre la vie nocturne de la ville que le film parvient à décocher ses plus précieuses flèches. Anima Bella s’évade du récit sur l’addiction et son écriture quelque peu programmatique pour épouser un tableau plus impressionniste, à mi-chemin entre le récit initiatique et la chronique néoréalisme (ces très belles scènes d’errance à vélo baignées sous les lumières de la ville).
Après les banlieues défraîchies de Rome dans Il Figlio Manuel, Albertini capte la beauté tout aussi étrange de cette petite ville de campagne. D’une grande acuité, la caméra saisit le lieu entre réalisme rêche et onirisme ouaté, et confirme le talent du cinéaste italien pour filmer l’urbanité. Une sensibilité sûrement hérité de son passé de documentaire qui lui permet de façonner avec une grande pureté stylistique un espace au temps suspendu dont la violence peut pourtant surgir à tout moment.
Anima Bella de Dario Albertini avec Madalina Maria Jekal, Luciano Miele – en salle le 5 octobre
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