Lancée en 2015, Swen est la nouvelle marque de prêt-à-porter masculin dont les étoffes rêvent de réconcilier les hommes, leurs origines et leurs religions. Beau programme.
Lancée en 2015, Swen est la nouvelle marque de prêt-à-porter masculin dont les étoffes rêvent de réconcilier les hommes, leurs origines et leurs religions. Beau programme.
Il faut dire que l’idée détonne. Après les collections à la violence toute militaire de Gosha Rubchinskiy (le créateur russe a fait défiler en janvier sa collection automne-hiver 2017-2018 en la controversée cité soviétique de Kaliningrad) et les nombreuses prises de position anti-Trump des designers américains il y a quelques jours à peine à New York (du « Fuck your wall » de LRS Studios aux bandanas blancs levés au ciel de Tommy Hilfiger), Swen fait figure d’ovni. En lieu et place des brutales affirmations politiques propres à faire le buzz, Swen a décidé de se construire d’après la seule valeur réputée pour ne pas faire recette : le partage.
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Plus fort que la dualité, la pluralité
« Swen, c’est l’acceptation de nos différences pour en tirer amour et force”, détaille Swann, le créateur, qui souligne que ses collections “synthétisent ses valeurs, entre sophistication et modernité« . A 26 ans, le Parisien est à la tête de son premier label, savant mélange métissé dont seuls les millenials de sa génération semblent connaître la formule.
Et il suffit de se pencher sur le détail de leur lookbook pour mieux comprendre. Des pantalons amples de Bédouins côtoient avec tout le naturel du monde des djellabas à la simplicité sportswear quand les kufis, ces couvre-chefs traditionnels africains, ont remplacé les éternelles casquettes des ados d’Instagram.
Un medley culturel puissant que le jeune homme, dont les origines se répartissent entre le Portugal, l’Algérie, l’Italie et l’Autriche, construit alors qu’il habite encore dans l’est de Londres. Un quartier populaire connu pour ses nombreuses communautés indiennes et maghrébines qui viendront influer sur toute son esthétique.
« Swen se place au carrefour des communautarismes, résume Swann, c’est d’après cette matière première terriblement riche que je tente de construire une nouvelle culture hybride ».
Nomades plutôt que métisses
Alors Swen l’a cousue, sa culture hybride. En ajoutant une poche dans le dos de ses sweats dans laquelle on glisse ses mains lors d’une embrassade, comme pour verrouiller ses étreintes.
Dans le choix de ses matières aussi : naturelles, bio ou recyclées, produites en France, sans cuir ni fourrure. « Parce que l’échange passe aussi par là » précisera le designer, qui imagine ses « Swen-men » (ses « hommes Swen ») comme des nomades plutôt que des métis. « Ma marque englobe toutes les ethnies, toutes les nationalités, tient à souligner Swann, elle ne s’adresse pas qu’aux racisés, au contraire !” Alors, on peut être roux et porter une djellaba ? Pour le créateur, la réponse est toute trouvée.
« On associe toujours le nomadisme à l’autre, à l’ailleurs. Pourtant, les valeurs du nomade sont pour moi éminemment françaises : la découverte, le partage, la valorisation des droits de chacun ».
Un discours presque politique qui prend une dimension nouvelle à quelques mois seulement de la présidentielle française, dans un écosystème fragilisé par la montée du Front national et du communautarisme. Sans doute que si Swen était un parti, on aurait voté pour lui.
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