Elle était venue, au nom de Marlon Brando, refuser son Oscar du meilleur acteur pour “Le Parrain” et sensibiliser le public à la cause amérindienne. En vain, à l’époque.
L’actrice et militante amérindienne Sacheen Littlefeather s’est éteinte à l’âge de 75 ans, quelques semaines après les excuses publiques prononcées par l’Académie des Oscars pour le traitement qu’elle avait subi lors de la cérémonie de 1973, il y a près de cinquante ans. C’est l’Académie elle-même qui a annoncé son décès en la citant : “Quand je serai partie, rappelez-vous toujours que chaque fois que vous défendrez votre vérité, vous garderez en vie ma voix et les voix de nos nations et de nos peuples.” L’actrice d’origine apache et yaqui de 26 ans à l’époque, était montée sur scène à la place de Marlon Brando qui avait fait appel à elle pour refuser, à sa place, l’Oscar du meilleur acteur qu’il aurait dû recevoir. Sacheen Littlefeather souhaitait protester contre le traitement des Natif·ves américain·es par l’industrie hollywoodienne. Elle fut à l’époque huée par le public, moquée par Clint Eastwood et menacée physiquement par John Wayne. En un geste très tardif de réparation, il y a deux semaines, l’Académie des Oscars avait organisé une cérémonie dans son nouveau musée de Los Angeles pour lui rendre hommage et lui présenter des excuses publiques. L’actrice y a déclaré : “J’y suis allée, comme une femme indienne fière, avec dignité, courage, grâce et humilité. Je savais que je devais dire la vérité. Certaines personnes peuvent l’accepter. Et d’autres non.”
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Une vie à militer pour la cause amérindienne
Née Maria Louise Cruz, la future actrice se fait appeler Sacheen Littlefeather après avoir participé à l’occupation de l’île d’Alcatraz, une occupation pacifique de dix-neuf mois par un groupe d’activistes amérindien·nes dans la baie de San Francisco, puis à l’occupation du site de Wounded Knee dans le contexte de la montée de l’American Indian Movement (AIM), un mouvement pour les droits civiques des Américain·es autochtones aux États-Unis. Alors qu’elle obtient des petits rôles pour la télévision, elle rencontre Marlon Brando par l’intermédiaire de Francis Ford Coppola et s’organise avec lui pour refuser à sa place son Oscar pour son rôle dans Le Parrain en 1973. Un geste héroïque, synonyme de suicide professionnel : après son action, elle fut boycottée par Hollywood, ce qui mit fin à sa carrière d’actrice. Elle continua néanmoins à militer jusqu’à sa mort.
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