Quelques heures avant un concert dans la salle parisienne du Point Ephémère, discussion avec Jane Penny, chanteuse, compositrice et leadeuse du groupe canadien le plus cool du moment.
On s’est rencontrées ici il y a deux ans, et à l’époque tu me disais travailler ton français. Tu as fait des progrès ?
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Non (rires) ! Mon français est toujours aussi mauvais, et emménager à Los Angeles pour notre dernier album n’a pas aidé. J’aimerais vivre à Paris un jour, et y apprendre le français. Montréal (ville d’origine de la chanteuse – ndlr), est une ville très étrange : j’y ai beaucoup d’amis français mais on parle toujours en anglais. Mais Jackson, notre nouveau bassiste, parle français lui ! Il y a beaucoup de gens qui vont et viennent dans le groupe, pour les lives. Jackson fait de la basse, et Marta fait désormais des claviers vu que je n’en fais plus sur scène. Je ne fais que chanter, et je joue de la flûte aussi ! Et un peu de guitare. C’est drôle parce que ça surprend le public quand je commence à jouer de la flûte, cette tournée est un peu l’occasion de dévoiler ma botte secrète (rires) !
Tu as appris à jouer de la guitare ?
Oui, je me suis améliorée ! J’aime écrire des chansons avec, et j’ai réalisé que je n’avais pas forcément besoin de gros riffs ou autres. Je ne pourrais pas être une guitariste pro des solos, je pense que David est très bon pour ça, mais j’aime bien créer des mélodies, jouer sur plusieurs types de guitares ou accorder mes instruments différemment. En fait, j’ai voulu être excellente à la guitare, et puis je me suis dit que ce n’étais pas forcément le meilleur instrument pour m’exprimer alors j’ai repris la flûte parce que c’est plus cool (rires) !
Pourquoi avoir choisi la flûte ?
J’ai commencé la musique à l’adolescence, et j’ai développé une véritable obsession pour la flûte au lycée. J’étais une nerd de la musique ! J’ai arrêté la pratique pour étudier la musique classique, puis les sciences de la culture, et j’ai repris à l’université. C’est marrant parce qu’à l’époque je devais déchiffrer des partitions mais maintenant j’improvise. J’ai l’impression de beaucoup plus pouvoir m’exprimer, c’est très épanouissant !
C’est votre troisième album : qu’est ce qui a changé depuis Tender Opposites ?
On a composé ce troisième album d’une manière différente : j’ai écrit plusieurs chansons dans leur intégralité, et David m’a vraiment fait confiance. Il me disait « Ok, si tu veux dire ça dans tel morceau, vas-y » alors qu’avant, on travaillait de manière beaucoup plus collaborative. Je pense que l’on est devenus meilleurs en composition. Avant, David écrivait, puis je recomposais par dessus, puis il recomposais etc. Maintenant, on écrit plus librement, et ça donne un résultat plus varié : la production est plus pop, mais les paroles le sont moins qu’avant.
Quels sont les morceaux de cet album qui te tiennent le plus à coeur ?
Je pense que Dayglow Bimbo, et toutes les chansons que j’ai écrites on une signification très particulière pour moi. Mais en live, Hours Between me fait presque pleurer à chaque fois. C’est très intense de l’interpréter, il y a beaucoup de souvenirs qui reviennent.
Tu es nostalgique ?
Je ne pense pas que nous vivions dans une époque très heureuse actuellement, peut-être que ça se reflète dans nos morceaux. Aucun de nous ne ressent l’obligation de faire des chansons fun, on n’essaie pas d’être populaires, donc on écrit selon nos sentiments. Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de mal à écrire des chansons heureuses !
C’est vrai qu’il y a deux ans, tu me confiais ne pas savoir si Tops faisait de la musique heureuse ou triste !
Exact (rires) ! Je pense que notre musique est agréable à écouter, mais on n’essaie pas d’être dans une quelconque hype. Jouer en live nous a beaucoup influencé sur la façon de composer des morceaux, on aura parfois envie de faire des titres plus énergiques que d’autres, mais on ne veut pas à tout prix divertir ! Donc en gros, je ne sais toujours pas si l’on fait de la musique heureuse ou triste !
Cet album a été enregistré et composé à Los Angeles. Cette ville lui a apporté quelque chose ?
Je pense, oui. Il a été très inspiré par la pop-rock des années 90. J’ai bien aimé travailler là-bas, il n’y avait pas vraiment de raison à faire un troisième album et c’était une super opportunité pour une fille comme moi qui vit modestement à Montréal de débarquer à Los Angeles pour faire de la musique, donc j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais. Cet album a aussi été très inspiré par le soleil de L.A., mais aussi par la culture et les relations sociales étranges qu’il y a là bas. Petals parle de cette ambiance permanente, presque cinématographique.
Le clip de Petals, c’est ta vision de la fête idéale ?
Oui, on a filmé ce clip dans la maison où l’on vivait. C’était un endroit où il y avait toujours beaucoup de monde, beaucoup de passage, assez étrange comme cadre de vie. Et j’aimais bien l’idée de filmer cette maison comme un lieu imaginaire, un peu comme un rêve. Aussi, j’ai appris à conduire à L.A. donc le fait que je sois en voiture dans ce clip était comme le reflet irréel mais sincère de ce qu’a été mon expérience là-bas. Evidemment, je ne me mettais pas en costume dans mon salon pour danser, comme je le fais dans le clip ! Mais le coucher de soleil lui, était exactement celui que je regardais de la baie vitrée du salon chaque jour.
Entre le deuxième et le troisième album, vous avez sorti deux morceaux : Anything et Hollow Sound of the Morning Chimes. C’était une sorte de parenthèse ?
Ces morceaux devaient figurer sur l’album, mais finalement, avec les autres morceaux composés totalement dans un autre contexte, ça n’avait plus vraiment de sens. David avait écrit ces morceaux pour lui à la base, mais quand je les ai entendus, j’ai enregistré une démo pour lui montrer que l’on devait les interpréter ensemble en lui disant « T’as vu ?? Ca marche bien hein ?? » (rires) ! Et il a accepté.
Et finalement, Sugar At The Gate (que l’on peut trouver dans le morceau Marigold & Gray – ndlr), qu’est-ce que ça représente ?
Ca repose sur l’idée d’attente de satisfaire les désirs, la façon dont le sexe et le plaisir deviennent grands lorsqu’ils sont attendus. Dans notre culture, on parle peu de sexe, alors que c’est très utilisé pour vendre des choses en fait. C’est la gratification au bout d’un chemin de patience. C’est aussi en rapport avec le fait que les gens nous et me décrivent comme quelqu’un de doux, comme un groupe mignon et sucré, c’est une manière de retourner ce stigmate. Je suis qui je suis, j’ai la sexualité que j’ai, et j’ai l’impression d’être plus confiante et forte que ce que les gens imaginent. Voilà ce que c’est Sugar At The Gate.
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