Adaptée de l’ouvrage de Rose Cartwright, “Pure” raconte l’histoire de Marnie, une jeune femme de 24 ans envahie par des pensées à caractère sexuel. Une série de 2019 désormais disponible sur Arte.
Pure fait partie de ces séries que l’on regarde d’abord pour leur pitch, par curiosité plus ou moins bien placée, sans vraiment chercher à comprendre ce qui nous attend. Ici, l’histoire d’une jeune femme de 24 ans dont on découvre au début du premier épisode que sa marche dans la vie est perturbée sans arrêt par des pensées sexuelles. Ou, plus précisément, des visions. Marnie voit du cul partout, dans chaque personne qu’elle croise, à la moindre occasion sociale, ce qui ne manque pas de créer des situations embarrassantes. Elle n’est pas excitée sexuellement, mais ne parvient pas à contrôler le fait que sous chaque jean porté par un mec, elle imagine sa queue, que sous chaque top moulant porté par une fille, elle visualise ses seins. Un couple arrive dans une soirée ? Elle les visualise en train de baiser.
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La série – anglaise, évidemment, fallait-il le préciser ? – a été adaptée à la fin des années 2010 du livre éponyme publié par Rose Cartwright. Arte la ressort des placards alors que les six épisodes de sa première saison n’ont pas connu de suite, mais elle mérite largement cette exposition, même tardive. Car Pure fait aussi partie de ces séries que l’on continue de regarder parce qu’elles dépassent leur pitch de départ. On imagine une vision légère et provocante de la sexualité féminine contemporaine ? C’est autre chose qui se déploie, d’une douceur et d’une pertinence particulières. Après la fausse piste initiale, quand Marnie se croit une sex addict (spoiler : c’est plus compliqué), l’histoire se concentre sur une révélation : la jeune femme qui galère à peu près tout le temps pour construire des relations amicales ou amoureuses vaguement stables, celle qui n’arrive pas à trouver sa voie professionnelle, souffre en réalité d’une maladie mentale.
Introspection et humour anglais
Le moment est assez bien amené, quand un ami lui aussi en délicatesse avec ses obsessions cherche dans un livre la réponse aux tourments de Marnie. Il lui apprend qu’elle souffre de Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC), qui peuvent prendre la forme de pensées envahissantes, notamment sexuelles. Pure accueille ce tournant moins comme un twist explosif que comme un changement de nature. À partir de ce moment, nous regardons l’héroïne autrement, tandis qu’elle-même commence à mettre des mots sur sa souffrance. Nous la regardions aller mal ? Nous sommes désormais au cœur de son expérience. La série devient une délicate introspection à ciel ouvert, qui donne à ce personnage que l’on croyait déjà vu une singularité plus nette. Le cadre reste le même, mais la focale diffère.
Mise à l’antenne par Channel 4, la plus audacieuse des chaînes britanniques depuis une vingtaine d’années, Pure est écrite par Kirsty Swain et fait partie de la cohorte de nouvelles histoires féminines qui ont vu le jour lors de la précédente décennie. Nous ne sommes pas au niveau des plus grandes, comme Fleabag et I May Destroy You, ce qui n’a rien de rédhibitoire. Au fil des épisodes, quelque chose nous touche, et le jeu de l’actrice Charly Clive n’y est pas étranger. Depuis, cette native de l’Oxfordshire a raconté une histoire très personnelle – sa tumeur au cerveau, découverte en 2015 – dans une pièce intitulée Britney. On attend impatiemment son adaptation en série.
Pure de Kirsty Swain est disponible sur Arte.tv
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