Découvrez sans plus attendre nos critiques des films de la semaine.
Une romance adultère poussée par un duo magnifique, la rencontre épistolaire de deux monstres sacrés ou encore une histoire d’amour entre deux pompiers qui ne ressemble à rien de connu : voici les films de la semaine.
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Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret
Le langage, manié avec grâce, sert à Charlotte et Simon de paravent, à l’unisson de la mise en scène qui ne cesse de jouer avec les murs, ou de cacher le visage des personnages au moment du kairos (du moment opportun), c’est-à-dire au moment où, si l’un·e des deux prononçait une phrase (au hasard : “Je t’aime”), ce serait tout foutre en l’air, rompre le charme et tout rendre inélégant. Et le tacite crée de la tension dramatique, voire du suspense, ici amoureux.
Lire la critique de Jean-Baptiste Morain
Feu follet de João Pedro Rodrigues
Il y a dans ce film l’idée d’une liberté possible, retrouvée, ou tout simplement à inventer. Celle de notre envie à chacun·e, aux cinéastes, aux comédien·nes, aux spectatrices et spectateurs, de jouir des codes et de renouer avec l’inattendu : que les choses adviennent au regard, qu’on les laisse respirer, que la beauté reprenne sa marche, et que tout ce qui est politiquement rangé du côté de l’impossible par celles et ceux qui sont censé·es nous représenter (et qui ne sont que des incendiaires) redevienne la base même du principe de filmer, le lieu de son désir.
Lire la critique de Philippe Azoury
À vendredi, Robinson de Mitra Farahani
Après tout pourquoi pas : on peut avoir beaucoup en commun et ne pas avoir quelque chose à se dire. Peut-être que la connivence c’est autre chose encore : des pistes que l’on se lance à soi-même et que l’autre peut se sentir libre de prolonger. Le film va ainsi, de vendredi en vendredi, de vendredi à Robinson (qui est le maître, qui est l’esclave?) filant le raccord possible entre ces deux îles désertes.
Lire la critique de Philippe Azoury
Tout fout le camp de Sébastien Betbeder
Chaque nouveau film de Sébastien Betbeder (2 Automnes, 3 Hivers, Debout sur la montagne…) occasionne une fuite, un décrochage, une sortie de route, ici littérale. Tout fout le camp reconduit ce motif pour entraîner son duo de paumés sur des routes brumeuses de campagne où ils feront la connaissance de Marilou (Léonie Dahan-Lamort, beau personnage qui souffre malheureusement du syndrome de la Schtroumpfette) et de son frère Jojo (Jonathan Capdevielle, assez génial dans la peau d’un éternel miraculé).
Lire la critique de Marilou Duponchel
Coup de théâtre de Tom George
Le meurtre est celui d’un réalisateur hollywoodien d’après-guerre, envoyé à Londres pour prendre en charge l’adaptation d’une pièce à succès d’Agatha Christie, et bien décidé à se mettre à dos tout le monde : producteur, scénariste, interprètes, avant de prendre un coup fatal sur la tête dans les coulisses du théâtre. Pointe de “modernité” somme toute pas si moderne : la victime assure la voix off du film, lui offrant ainsi de pérorer sur sa propre forme – le réalisateur tient les murder mysteries en horreur – et d’énumérer les clichés du genre à mesure qu’ils apparaissent à l’écran.
Lire la critique de Théo Ribeton
L’Énergie positive des dieux de Laetitia Møller
Ce court long métrage documentaire d’une simplicité biblique (en apparence) est le plus enthousiasmant, galvanisant qui soit. Laetitia Møller filme quatre jeunes hommes autistes (on voit aussi une jeune femme à la fin).
Lire la critique de Jean-Baptiste Morain
107 Mothers de Peter Kerekes
De ce tissage entre fiction et documentaire, 107 Mothers n’en sort pas vraiment vainqueur dans sa première moitié. Censé ramener de la vie, ces blocs de vérités sont rigidifiés par l’immobilité léthargique des cadres. Cette solennité forcée imprime une gravité écrasante dont le film aurait pu se passer. À trop vouloir préserver la vérité de ses scènes, le film de Kerekes manque d’un véritable souffle romanesque.
Lire la critique de Ludovic Béot
Jeunesse en sursis de Kateryna Gornostai
Préférant accueillir les micro-événements du quotidien comme les précieux germes des souvenirs futurs, plutôt que d’organiser d’inutiles rebondissements, Jeunesse en sursis se déplace tranquillement entre les tracas et petites joies de ses différents protagonistes pour composer une toile impressionniste et évanescente des états d’âmes de ses jeunes personnages.
Lire la critique de Marilou Duponchel
Fire of Love de Sara Dosa
C’est qu’il faut avoir un rapport singulier à l’existence pour se lancer à l’assaut de ces géants endormis, dont le réveil soudain et imprévisible peut transformer un paysage luxuriant en une plaine post-apocalyptique en un battement de cils. Adoptant une philosophie de vie en adéquation avec leurs expéditions, qui défiaient parfois la raison, Katia et Maurice n’ont jamais transigé avec le danger, conscient·es des risques qu’iels encourraient, les acceptant avec flegme, et peut-être aussi avec un peu de folie – cette part de folie qui avoisine toujours la passion quand elle devient dévorante.
Babi Yar. Contexte de Sergei Loznitsa
Babi Yar. Contexte, dernier documentaire du cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa, ne se focalise pas uniquement sur ces jours sombres et chaotiques, mais donne à voir une progression dramaturgique par le traitement qu’il fait des images d’archives retrouvées. Il expose d’abord la conquête progressive du territoire par le régime allemand, qui met à feu et à sang le pays, avançant au rythme des sons rajoutés par le cinéaste en postsynchronisation, ceux des foules hurlantes, des missiles et des chars. Pas un mot n’est prononcé.
Lire la critique d’Arnaud Hallet
Los Sonámbulos de Paula Hernández
Une mère, écrivaine en suspens, rejoint, avec son mari et sa fille, jeune adolescente, la grande maison familiale à la campagne pour les fêtes de fin d’année. Ces bucoliques retrouvailles donnent lieu à des dîners interminables, où les carafes et les assiettes floues occupent davantage l’espace que quiconque autour de la table. Personne n’a vraiment le droit d’exister, malgré le flot de petites discussions banales qui se déverse de scènes en scènes.
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