En salle ce mercredi 14 septembre, le dernier long métrage du réalisateur de “2 Automnes, 3 Hivers” est aussi loufoque qu’attendrissante, mais nous laisse un peu sur notre faim.
À l’origine de Tout fout le camp, il y a un court métrage : Jusqu’à l’os, prélude assumé de ce nouveau chapitre. Il y a aussi une rencontre avec le musicien Usé, drôle d’oiseau perché qui, en 2014, s’était présenté à l’élection municipale d’Amiens pour contrer la gouvernance réactionnaire de la mairie. C’est ainsi que Tout fout le camp, fidèle à son prédécesseur, ressuscite la même intrigue qui voit Thomas (incarné par Thomas Scimeca), journaliste pigiste d’un journal local d’une ville du nord de la France, visiter le musicien chez lui pour lui tirer le portrait.
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Chaque nouveau film de Sébastien Betbeder (2 Automnes, 3 Hivers, Debout sur la montagne…) occasionne une fuite, un décrochage, une sortie de route, ici littérale. Tout fout le camp reconduit ce motif pour entraîner son duo de paumés sur des routes brumeuses de campagne où ils feront la connaissance de Marilou (Léonie Dahan-Lamort, beau personnage qui souffre malheureusement du syndrome de la Schtroumpfette) et de son frère Jojo (Jonathan Capdevielle, assez génial dans la peau d’un éternel miraculé).
Un goût légèrement trop doucereux
Comme toujours chez Betbeder, la multiplication de mini-actions, vite évaporées une fois convoquées, n’est que prétexte à la préservation d’une utopie qui prend souvent la forme d’un refuge. Ici, c’est une voiture, les couleurs grises de l’automne, le genre du road-movie réagencé selon des codes horrifiques et quelques effluves du cinéma de Blier qui figurent cet horizon et permettent aux personnages de prendre congé de leurs vies, de leurs solitudes, de leurs ennuis et de leurs rêves déçus pour faire famille. Mais le saugrenu, le burlesque, l’étrangeté tant convoités et cette forme d’apathie, qui font parfois le charme du cinéma de Betbeder, restent à la surface et naviguent au-dessus du film comme un signal, annonçant ses effets sans parvenir à les actionner. Comme si le film, qu’on aimerait pourtant voir se comporter en vraie tête brûlée, à force de trop de précautions, se laissait peu à peu gagner par une vague de douceur attendrissante, mais au goût légèrement trop doucereux.
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