Les Beastie Boys ne font rien comme les autres.
« Tu connais X Ray Pop ? Tu sais où on peut trouver leurs derniers disques ?” Cette question, posée par Adam “Adrock” Horowitz à la fin de notre rencontre avec lui et ses potes Mike “Mike D” Diamond et Adam “MCA” Yauch à quelques minutes de leur concert au Zénith de Paris, résume à elle seule ce qu’on savait déjà : les Beastie Boys ne font rien comme les autres. Y compris et surtout dans l’univers du hip-hop, dont ils restent l’un des plus gros vendeurs de son histoire.
En vouant un culte à l’obscur groupe electro-pop de Touraine, les Beastie Boys repoussent les limites habituellement délimitées par les formations hip-hop, ce qu’ils confirment avec leur nouvel album, pour la seconde fois – après The in Sound from Way out! de 1996 – exclusivement composé d’instrumentaux. Depuis son retour aux affaires avec le plus qu’honorable album To the 5 Boroughs il y a trois ans, le trio de pieds nickelés de Brooklyn, devenus entre temps quadras, avait donné pour la première fois le signe qu’il n’avait plus rien à prouver et que ce n’était peut-être plus de son côté qu’il faudrait exiger surprises et innovations.
Pronostic tout faux à en juger par The Mix-up, étonnant et rafraîchissant septième épisode studio de leur discographie qui les voit enfourcher basse, guitare et batterie, le tout avec l’aide du fidèle Money Mark aux claviers et d’un percussionniste chaudard porté sur la chemise hawaïenne. Même pas frustrés par le fait de laisser micros et sampler au placard, les trois font passer leur humour via leurs instruments, à travers des clins d’œil appuyés à un pan de la musique qu’ils vénèrent, des BO de blaxploitation des années 70 (Dramastically Different) au garage-rock psychédélique de la fin des années 60 (le très Seeds 14th St. Break).
Paraissant détendus et libres de toute pression, les Beasties évitent le naufrage jazz-funk grâce à une légèreté (le dub Suco de Tangerina) et au son d’orgue magique de Money Mark qui s’amuse à retrouver la grâce du 96 Tears de son homonyme Question Mark & The Mysterians sur l’intro de Off the Grid. Avec un autre point d’interrogation derrière ce beau projet : simple parenthèse ou nouvelle vie musicale ?
A l’occasion de la sortie de The Mix-Up, découvrez en vidéo deux titres, The Rat Cage et Off The Grid. Ces deux vidéos ont été réalisées par les Beastie Boys eux-mêmes.
Pascal Bertin