Le premier long métrage de Murielle Magellan livre un récit agréable et charmant, mais parfois un peu sage.
Assise sur un banc, quelque part dans le 18e arrondissement de Paris, Eloïse ne sait plus qui elle est. Elle semble se réveiller d’un long chagrin et ressemble à un oiseau tombé du nid. Ses joues sont encore humides et elle n’a rien d’autre qu’un sac à dos et les quelques indices qu’il contient pour retrouver son chemin.
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Pas-à-pas, la nouvelle Eloïse, dont les seuls souvenirs sont ceux d’un corps gorgé de désir, devient l’enquêtrice de sa propre vie. À mesure qu’elle apprend à connaître celle qu’elle fut (une employée de la librairie Gibert Joseph, une célibataire multipliant les conquêtes et une femme sans véritables convictions), Eloïse s’en détache pour devenir une autre. C’est avec la même cadence, hésitante que se déplie cette Page Blanche, premier long métrage de Murielle Magellan.
Carte postale
Adapté de la bande dessinée éponyme de Pénélope Bagieu et Boulet, le film a pour lui cette qualité rare dans le genre de la comédie romantique que de s’accorder tout entier au flottement de son personnage, d’égrainer la quotidienneté de son existence nouvelle sans chercher à la perturber par d’improbables et inutiles intrigues. C’est aussi parfois son fardeau quand il se laisse contaminer par sa propre apathie et se dépossède de sa maîtrise tranquille, trouée par ce que l’on sent être des failles d’écriture.
Ainsi, La Page blanche expédie bien vite un aspect intéressant du film, la description contemporaine d’un Paris sécuritaire et punitif, ainsi que le caractère quasi-survivaliste de l’oubli face à la violence de l’époque. Au lieu de cela, il le ramène à une histoire des origines incomplète et ne dépasse jamais vraiment le cadre de sa joliesse de carte postale parisienne bohème. Résiste cependant un charme désuet et agréable auquel la partition de Sara Giraudeau, actrice sans âge, doit beaucoup.
La Page blanche de Murielle Magellan avec Sara Giraudeau et Pierre Deladonchamps. en salle le 31 août
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