Dans la vidéo diffusée, la chanteuse se moque notamment des écoles religieuses turques.
Depuis 2013, le gouvernement d’Erdoğan et sa ligne idéologique fraternisent fortement avec le conservatisme religieux, tant et si bien que de nombreux·euses artistes se sont vu·es empêché·es de se produire en public, voire se sont retrouvé·es sous les barreaux. En novembre dernier, Omar Souleyman a été arrêté en raison de sa proximité supposée avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). En mai, un concert de K-pop a également été interdit car il “promouvait l’homosexualité”. Cette fois-ci, c’est la popstar Gülsen, connue pour ses positions progressistes, qui a été arrêtée.
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Un tribunal stambouliote l’a arrêtée jeudi après la diffusion d’une vidéo d’elle sur scène, datée d’avril dernier et dans laquelle elle fait une plaisanterie à teneur religieuse. Gülsen a par ailleurs été assignée à résidence. Dans la vidéo, qui a rapidement pris une ampleur virale sur les réseaux sociaux la semaine dernière, la chanteuse plaisante en désignant l’un de ses musiciens : “Il a étudié dans un imam hatip [école religieuse] auparavant. C’est de là que vient sa perversion.” Ce type d’établissements religieux ont vu leur nombre exploser depuis que l’AKP, le parti islamo-conservateur d’Erdoğan, est devenu la première force politique turque en 2002. Une plaisanterie qui n’a évidemment pas été du goût du gouvernement turc, qui y a vu une “incitation à la haine” et une “insulte aux valeurs sacrées”.
Un modèle pour la jeunesse progressiste
De son nom complet Gülşen Çolakoğlu, née Bayraktar, la chanteuse pop de 46 ans, qui arbore des tenues jugées osées sur scène et déclare ouvertement son soutien à la communauté LGBTQIA+, est depuis longtemps un symbole d’émancipation féminine et un modèle pour la jeunesse progressiste. Elle se trouve par conséquent en plein milieu du viseur des conservateurs. La chanteuse a été placée pendant quatre jours en détention provisoire dans la prison pour femmes de Bakırköy, à Istanbul, avant d’être libérée ce lundi 29 août. Dans l’attente de son procès, elle est assignée à résidence. Le président Erdoğan a fait référence à l’arrestation de Gülsen lors de son discours lundi soir – à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle : “Ceux qui insultent les valeurs sacrées de notre nation ne pourront pas échapper à leur responsabilité”, a-t-il déclaré.
Son avocat, Veysel Ok, qui est également le codirecteur de l’ONG Media and Law Studies Association, a réagi sur Twitter immédiatement après l’arrestation de la musicienne : “Vous ne pouvez pas détenir, arrêter ou priver quiconque de sa liberté à cause de sa parole. Puisque vous avez ouvert une enquête, invitez-les à témoigner. Ce qui a été fait est illégal, c’est une démonstration de force.” À ce jour, l’artiste risquerait plusieurs années de prison.
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