Nouveau film d’Adil El Arbi et Bilall Fallah, “Rebel” peine à aborder de façon pertinente la question de la radicalisation, s’essoufflant dans une mêlasse sentimentaliste décevante.
Après avoir réalisé le troisième volet des aventures de Will Smith et Martin Lawrence, Bad Boys for Life, et avoir participé à la mise en scène de Ms. Marvel, le duo de cinéastes belges, Adil El Arbi et Bilall Fallah, nouveaux chouchous d’Hollywood, devait poursuivre sa route américaine du côté de DC Comics, cette fois, à la tête de Batgirl. Mais, alors que le tournage s’est terminé cet été, le film a mystérieusement été annulé suite à la décision de Warner Bros.
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Parmi ces projets outre-atlantiques est venu se greffer Rebel, un film plus personnel sur leur Belgique natale. Ils tentent d’y questionner le procédé vicieux de l’embrigadement sous-terrain par les recruteurs du djihad de jeunes adolescents pour rejoindre les forces terroristes. Les cinéastes circulent comme leur film cavale, entre la Belgique et la Syrie, entre le front et les cités, entre les appartements et les déserts. Le tandem de réalisateurs tâtonne comme deux chiens fous, en quête d’identité esthétique, bringuebalés entre l’Europe, les États-Unis et l’Orient.
La question de la radicalisation effleurée
Rebel, donc, c’est l’odyssée alternée entre deux frangins. L’aîné, parti en Syrie de façon idéaliste, avant même que l’État Islamique n’existe, se retrouve pris au piège sur place, face à un extrémisme dévorant. Quant au petit frère, il est le personnage par qui tout le déploiement d’un rigoureux lavage de cerveau se met en place dans les quartiers défavorisés occidentaux – ici, les familles fragilisées à Molenbeek (Belgique).
Si le film s’essaie, de bout en bout, à raconter la perversité d’un terrifiant crime organisé, il ne parvient jamais à prendre à bras le corps la question de la radicalisation, se cantonnant à déguiser son discours au cœur d’une mêlasse sentimentaliste dont la mère se fait le héraut au désarroi peu crédible. En témoignent les rebondissements de clôture, qui prennent davantage l’allure altière de coups de force scénaristiques, là où le désir de cinéma se substitue de façon nette au chantage affectif pour ses personnages. Traversé par des séquences musicales puissantes (caméra-pirouette, hip-hop déployé en plein État Islamique…), chantées et dansées, Rebel peine à raconter à quel point il peut être violent de tenir une place dans une société rongée par la diffusion de l’intégrisme. Derrière une virtuosité dont le film se gargarise volontiers, on est tout aussi surpris de ne pas savoir où les cinéastes se positionnent eux-mêmes cinématographiquement, soumis à la seule théorie du choc et de l’épate.
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