Alors que le droit à l’avortement est fortement remis en question aux États-Unis, l’ONG Mozilla a mené l’enquête sur les applications de suivi de règles et leur politique de confidentialité. Et soulève de réels problèmes.
L’enquête a été publiée ce vendredi 17 août par la fondation Mozilla – organisation à but non lucratif, qui défend la protection de la vie privée sur le Web, l’open source et la neutralité d’Internet. Cette dernière s’attaque à un sujet délicat : le suivi des règles et de la grossesse par les applications mobiles les plus populaires, mais aussi et surtout leur manque de confidentialité. À l’ère de la révocation par la Cour suprême du droit fondamental à l’avortement aux États-Unis, les résultats de l’enquête soulèvent de profondes inquiétudes concernant les droits des femmes, mettant en évidence que les données collectées peuvent par exemple être utilisées par les autorités pour déterminer si les utilisateur·trices sont ou non enceint·es.
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Mozilla a également publié un guide, le “Privacy Not Included”, ciblant 25 applications, dont 18 ne répondent pas aux exigences de confidentialité et de sécurité des données de leurs utilisateur·trices. Parmi elles : Clue, Flo, Ovia ou encore My Calendar Period Tracker. La fondation donne tout un ensemble de conseils pour protéger ses données en fonction de chaque application utilisée. Pour Clue, Mozilla suggère par exemple d’utiliser l’application sans se créer de profil – et encore moins de s’identifier grâce à son compte Facebook ou Google – et d’activer un code PIN. Concernant Flo, elle conseille en particulier de ne pas accepter le traçage des données.
De la nécessité d’une vigilance accrue
D’après la fondation, huit de ces applications ne répondent même pas aux exigences de sécurité minimales. Globalement, Mozilla conseille de se méfier des applications qui ne suggèrent pas de mot de passe “fort”. Et encore plus de celles pour lesquelles la politique de confidentialité est introuvable – comme c’est le cas pour My Calendar Period Tracker. Une seule application parmi celles étudiées est louée pour sa politique de protection des données : Euki, qui stocke les données localement sur les appareils des utilisateur·trices et exige un code d’accès à deux reprises. Il existe même une fonction de sécurité, qui peut être déclenchée par les utilisateur·trices dans le cas où iels seraient contraint·es de montrer leurs données : une fois activée, l’application réagit en affichant de fausses données.
“Du jour au lendemain, des applications et des services auxquels des millions de personnes font confiance ont le potentiel d’être utilisés pour traquer des personnes qui souhaiteraient avorter”, explique Ashley Boyd, vice-présidente de Mozilla, chargée de la défense des droits. Celle-ci conclut son billet, disponible sur le site de la fondation, en écrivant ne pas vouloir alarmer ou effrayer les usager·ères de ces applications, mais plutôt de voir cette enquête comme un outil d’empowerment, “car aujourd’hui plus que jamais, les consommateurs doivent être responsabilisés en matière de vie privée”.
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