Un savoir-faire made in Scotland, pour des retrouvailles aux effusions discrètes mais chaleureuses.
Actifs depuis plus de trois décennies, The Orchids connaissent ce secret : une bonne chanson pop invente des souvenirs. Et on parle ici d’inventer autant au sens de créer que d’excaver, comme lorsque l’on nomme juridiquement “inventeur d’un trésor” la personne qui a découvert ledit trésor. Si le groupe n’a pas son pareil pour déterrer des bribes de passé, c’est qu’il appartient à une lignée pop romantique justement chérie des fans de trésors cachés. Des joyaux discrets dont le Royaume-Uni, de Felt à Field Mice, n’a jamais été avare, et dont l’Écosse se feraient fleuron, avec des Pearlfishers, des Aztec Camera, ou encore des Belle and Sebastian.
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James Hackett, Ian Carmichael, Ronnie Borland et leurs complices renouent avec ce savoir-faire sur un Dreaming Kind en forme de boîte de bonbons sucrés et acidulés, qui fait suite à leur Beatitude#9 de 2014. On y piochera des chansons comme des vignettes, certaines très autocollantes (Echos, I Don’t Mean to Stare, miniatures à effet adhésif immédiat), entre balancement solaire (What Have I Got to Do) et soubresauts cools façon Robert Palmer, comme sur le single This Boy is a Mess.
Un disque de “passage”
Les mélodies ont le charme particulier et fuyant des sentiments qu’elles captent à leur façon fugace, et l’occasionnelle facilité de leurs arrangements ne joue pas contre leur attrait, à l’instar des habits portés par The Coral sur leur trop mal-aimé Move Through the Dawn (2018). L’affaire se conclut, à l’amiable, par Limitless #2 (Hurt), ballade métronomique qui fait partie des meilleures raisons de s’attarder sur un album attachant, qui ne cherche plus à reproduire l’émerveillement originel des années Sarah Records, ni à produire de l’inédit comme saurait le faire un Paul Simon qui partage ce flegme pop malin. Pas de Caveman ici, donc, ni de virage inattendu, et il serait absurde (à l’échelle de leur discographie) de parler d’un album de transition : Dreaming Kind est plutôt un disque de passage. Comme peut passer le souvenir un peu vague d’une journée d’adolescence presque ordinaire, mais traversée d’affection.
Dreaming Kind (Skep Wax). Sortie le 2 septembre.
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