Pour sa neuvième édition, le rendez-vous photographique ImageSingulières basé à Sète se consacre à la France et à son histoire récente. Découvrez nos expositions « coups de cœur ».
Sur les murs des Entrepôts Larosa que le festival sétois a investis pour présenter une partie des expositions de sa 9e édition, il y a cette phrase de Paul Valéry (lui-même sétois) inscrite en grand : « La terre de France diverse comme le peuple qui l’habite ». Une citation hautement symbolique de la manière dont ses organisateurs (rassemblés autour de l’association CétàVOIR) ont souhaité proposer un état des lieux de notre pays, à travers sept expositions extrêmement riches, des projections souvent époustouflantes et de nombreux débats.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
A l’origine du projet « La France vue d’ici » coproduit avec Mediapart et exposé/projeté dans sa quasi-totalité dans le cadre du festival (26 photographes pour plus de 1 000 photos) on savait la détermination d’ImageSingulières à proposer un constat tranché et ambitieux de la France d’aujourd’hui.
Des pans entiers de la réalité totalement absents des radars médiatiques, une quotidienneté souvent méprisée, le repli sur soi, et puis les luttes qui s’enclenchent, quelques touches d’espoir, de tendresse, de solidarité, de rire aussi… C’est tout ça qu’ImageSingulière s’était promis de documenter et d’exposer pour cette édition. Coup d’œil sur quatre des expositions les plus marquantes de ce rendez-vous photographique incontournable.
« Jeunes-Générations », projet collectif
Quinze photographes, brillants pour la plupart, chargés de réaliser un corpus documentaire sur la jeunesse en France dans sa diversité. C’est le concept de la commande d’Etat « Jeunes-Génération » (orchestrée par le Cnap et CétàVOIR), qui trouve dans l’ancien collège Victor-Hugo de Sète un lieu magnifique pour se déployer pleinement. De l’amour dans les quartiers nord de Marseille aux agriculteurs en herbe, en passant par les réseaux sociaux, les boîtes de nuit, la rue ou la prison… On frôle à peine, observe, et pénètre parfois les vies de cette jeunesse dont on ignore finalement presque tout, en commençant par la manière dont elle se voit et se regarde elle-même.
Anne Rearick, Sète #17
Invitée par ImageSingulières à poser son regard sur la ville de Sète, la célèbre photographe américaine Anne Rearick – membre de l’Agence Vu depuis les années 1980 – a photographié “ces petits riens qui font tout” dans la vie des Sétois. Elle présente dans ce lieu brut et unique qu’est la chapelle du Quartier-Haut, un travail s’inscrivant dans la plus pure tradition humaniste, dénué de mise en scène et de condescendance. Des gens, des lumières, des cadrages époustouflants, des distances toujours justes… Dans tous les détails qui font son génie et avec toujours beaucoup d’humilité, cette série nous transporte dans quelque chose de profondément ancré dans le réel et de pourtant presque intemporel.
Anne Rearick Sète #17 imageSingulières © CétàVOIR / le bec en l’air
Christophe Agou, « Face au silence »
Exilé à l’âge de 23 ans à New York où il connut la gloire – notamment pour ses photos de passagers du métro et des attentats du 11 Septembre –, c’est durant huit des dernières années de sa courte vie que Christophe Agou reviendra en France pour photographier la mort d’une communauté : celle des paysan du Forez (Haute-Loire) d’où il est originaire. « Face au silence » est la chronique de la fin d’un monde. Traversé par les souvenirs d’enfant, l’émerveillement face à ce qui reste de ces hommes et femmes isolés, abimés et silencieux, cette série (qui remporta en 2010 le Prix européen du livre de photographie) nous confronte au temps qui s’abat sur un autre vis-à-vis duquel nous n’avons plus aucune distance. Car dans le travail d’Agou, le « je » est plus que jamais « un autre ».
Pascal Dolémieux, « Il était une fois la réalité »
Là encore c’est l’histoire d’un retour d’exil. Prix Niepce en 1983 alors qu’il avait à peine 30 ans, co-créateur de l’agence Vu et de l’agence Matisse, cela faisait plus de quinze ans que P. Dolémieux avait quitté le continent pour s’installer en Corse, perdant de vue le monde officiel de la photo. C’est avec un travail entièrement réalisé à l’iPhone, hyper inspiré et plein d’humour autour de l’opposition amicale entre la réalité et la fiction et de la mise en scène du « rien » qu’il a choisi de revenir pour cette édition d’ImageSingulières en précisant son approche :
« Bergson a dit un jour que le désordre n’est finalement qu’une ordre auquel on ne s’attend pas. Dans le même ordre d’idée, je dirais que la réalité est potentiellement une fiction comme une autre, dont on ne sait d’ailleurs toujours pas très bien qui en est l’auteur, voire s’il y en a un, et j’ai alors l’agréable impression d’inventer des histoires en faisant des photos. »
Bonus pour la jeunesse : le trailer de cette satire (fictive rassurez-vous) réalisée par Stéphan Castang, nominé aux Césars en 2012 (court-métrage) et projeté lors du week-end d’ouverture du festival ImageSingulières. Plus vrai que réel…
Festival ImageSingulières, jusqu’au 11 juin 2017 à Sète, de 10h à 19h
Retrouvez le livre de la commande publique « Jeunes-Générations » aux éditions le Bec en l’air
Le livre de La France vue d’ici aux éditions de La Martinière,
et bien d’autres dans la bibliothèque éphémère du festival
{"type":"Banniere-Basse"}