Un peu plus d’un mois après avoir reçu son passeport à Sotchi des mains du président russe et un passage éclair par Saransk où il a finalement décidé d’élire domicile, Gérard Depardieu est de retour en Russie. Il a cette fois honoré les Moscovites de sa présence avant de s’envoler pour la Mordovie pour s’enregistrer à sa nouvelle adresse, comme le veut la loi russe.
(De Moscou) Il est 19 heures à Moscou ce vendredi 22 février lorsque débute l’inauguration du cinéma Illusion sur les bords de la Moskva. Le célèbre établissement va rouvrir après la réalisation de travaux. Tout le gratin est là, légendes vivantes du cinéma russe et autorités locales, pour assister à l ‘événement. Sans doute aussi pour accueillir l’un de leurs prestigieux confrères et nouveau compatriote comme il se doit. Chacun le sait, Gérard Depardieu est arrivé à Moscou la veille. Il a promis de venir les voir. Peu de chances que l’acteur fasse faux bond à Nikolaï Borodachev, son grand ami et propriétaire du cinéma Illusion, ni à tout le parterre réuni dans l’imposante salle de cinéma et venu l’acclamer.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Vous avez de trop belles femmes ! »
Une heure se passe en discours et shows divers en guise d’échauffement quand enfin Depardieu paraît sous un tonnerre d’applaudissements. L’acteur monte sur scène et se jette dans les bras de Nikolaï Borodachev qu’il enlace de longues secondes durant. Sourires béats. Depardieu lance un « dobri vetcher » maladroit à deux reprises en guise de bonsoir, ce qui a le don d’exciter la salle. Puis se lance dans un discours en français relayé en langue russe par son fidèle interprète, discours dans lequel il s’excuse par avance de ne pas encore parler le russe.
Mais « je vais apprendre », assure l’acteur.
« Vous avez de trop belles femmes. Vous êtes des gens trop bien. Et j’ai envie de comprendre ce que vous dites », articule-t-il lentement au cas où ses auditeurs comprendraient quelque chose.
Un éloge de la « Grande Russie » s’en suit. Tout le monde y passe. Dostoïevski, Pouchkine, Boulgakov et dans un autre registre la « Grande Catherine », « Pierre le Grand » et même « Ivan le Terrible ». Bref, en Russie, y a rien à jeter. Et surtout pas Poutine, que Depardieu cite une nouvelle fois. Encore heureux que « votre président, Vladimir Poutine, essaie de remettre à l’honneur la Russie, à la hauteur de ce que sont l’homme et la femme russes ». Applaudissements.
« Ils n’attendent que ça, que je dise une connerie ! »
Finalement, « je suis un ambassadeur de cette Russie nouvelle et que j’aime ». Bouquet de fleurs sur les bras, Depardieu se concentre sur la traduction que lui susurre l’interprète à l’oreille tandis que son ami Borodatchev prend la parole à son tour. C’est l’heure de la projection inaugurale, l’acteur rejoint son fauteuil et enfile ses lunettes 3D. Sur sa route, les journalistes français qui « n’attendent que ça » que Depardieu « dise une connerie pour [le] filmer » se font rembarrer et sont finalement évacués par la sécurité. Comme le 6 janvier dernier lors de la visite de l’acteur en Mordovie.
Les journalistes français de nouveau expulsés
La Mordovie justement, à 500 km à l’est de Moscou, est la prochaine étape. Samedi 23 février, Gérard Depardieu a eu de nouveau droit à un accueil des plus solennels à Saransk, sa capitale. Pour être en règles – mais n’est-il pas au dessus des lois en Russie ? –, le comédien a dû s’enregistrer à sa nouvelle adresse, prêtée par son acolyte Borodatchev, encore lui. Car c’est en fait cet ami le propriétaire des lieux. Au numéro un d’une rue du centre-ville qui porte le doux nom de démocratie. Encore là ces foutus journaleux ! Décidément les Français ne sont pas les bienvenus. Depardieu, qui en a reconnu deux d’entre eux se fait menaçant. Pas de problème : ils sont immédiatement expulsés du peloton et interdits de suivre les festivités.
En tout cas, « vive la Russie, vive la Mordovie. C’est une région sans pétrole ni gaz, mais riche en personnes réalisant les idées », déclare Depardieu après réception de son passeport russe avec une nouvelle adresse d’enregistrement. Son installation en Mordovie : une décision mûrement réfléchie, selon lui. L’acteur projette d’ailleurs d’y ouvrir un restaurant ou une boulangerie. Et d’y construire aussi une maison à lui.
{"type":"Banniere-Basse"}