“La musique coule dans mes veines aussi sûrement qu’y coule le sang (…)J’adore la musique. J’adore en jouer pour les gens. Le jour de ma mort je suis certain que mon frère sera là haut et qu’il m’accueillera à bras ouvert en disant : «bien joué frérot ! T’as fais le job !»” Ce jour où Gregg Allman espérait […]
« La musique coule dans mes veines aussi sûrement qu’y coule le sang (…)J’adore la musique. J’adore en jouer pour les gens. Le jour de ma mort je suis certain que mon frère sera là haut et qu’il m’accueillera à bras ouvert en disant : «bien joué frérot ! T’as fais le job !» »
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Ce jour où Gregg Allman espérait revoir dans l’au delà son frère aîné Duane, guitariste de génie mort dans un accident de moto en 1971, est arrivé Samedi 27 Mai à Savannah en Géorgie des suites d’un cancer du foie. Agé de 69 ans, Allman était membre fondateur du Allman Brothers Band qui dans les années 70 étalonna l’ensemble de ce que l’on a appelé le « rock sudiste ». Chanteur exceptionnel, doté d’une voix « noire » au poignant vibrato, il fut également un organiste au style bluesy à la Ray Charles et un compositeur prolixe dont témoignent les albums du groupe comme ses œuvres en solo.
Mais derrière la carrière du musicien faite de sommets et d’inévitables chutes, se cache un destin hors norme où abondent morts violentes, abus en tout genre, mariages et divorces, sans oublier l’obligatoire passage par la case prison sans lequel une vie en rock digne de ce nom s’en trouverait dévaluée. Une vie tellement riche et accidentée qu’elle donna lieu à un projet de film intitulé Midnight Rider (titre de l’une de ses chansons fétiches) et ce avant que l’équipe de tournage ne soit en partie décimée dans un accident en plein repérage. Preuve qu’autour de la famille Allman une certaine malédiction a toujours dicté sa loi.
Pour Gregory Lenoir Allman tout commence très tôt. Il n’a pas deux ans quand son père Willis Allman, capitaine dans l’armée, est assassiné par un autostoppeur qu’il a eu l’obligeance de prendre dans sa voiture sur une route du Tennessee. Du coup, Gregg et son frère aîné Duane se retrouvent dans une école militaire où ils veillent l’un sur l’autre pour survivre. Leur existence change du tout au tout quand en 1960 ils assistent à un concert réunissant BB King, Jackie Wilson et un prometteur chanteur : Otis Redding. Si Gregg et Duane se mettent ensemble à la guitare, seul l’aîné des frangins s’y maintient lorsque s’enchaînent les premiers groupes, The Misfits, The Shufflers.
Avec Hour Glass se dessinent les premiers contours d’une carrière professionnelle. Entre temps Gregg est passé à l’orgue et s’est trouvé une voix. Il a su également éviter la conscription et un aller au Vietnam sans retour assuré en se tirant, littéralement, une balle dans le pied. Viennent les choses sérieuses avec la constitution d’un groupe à la panoplie inédite où deux guitaristes et deux batteurs tirent une diligence transportant de vieux blues transfigurés en épopées électriques et des originaux sur lesquels souffle une vraie folie sudiste tel The Whipping Post.
L’Allman Brothers Band ne trouvera d’ailleurs sa véritable dimension qu’en version live. D’où le phénoménal succès que remporte leur double Live At Fillmore East en 1971. Mais la consécration s’accompagne d ’effets indésirables. Dont l’addiction aux drogues dures avec laquelle les membres du groupe doivent lutter. Commence alors la série noire : en octobre 71 Duane se tue en moto sur une route de Géorgie. Un an plus tard, et pratiquement au même endroit, le bassiste Berry Oakley trouve la mort également en moto. En 1975, pour éviter la prison, Gregg témoigne à charge contre un roadie impliqué dans un trafic de cocaïne. Si le chanteur s’en tire (momentanément) le roadie en prend pour 75 ans !
https://www.youtube.com/watch?v=hIRBLUh3MGM
Cet épisode signe la fin du groupe, avant d’épisodiques reformations. Gregg connaît alors son moment hollywoodien en épousant la chanteuse Cher, tout juste divorcée de Sonny Bono. Le couple va pendant 2 ans faire le bonheur de la presse people, entre chamailleries épiques et réconciliations. D’autres noces rocambolesques suivront. Le jour où il épouse Danielle Galliano, il aura même le chic de faire une overdose. Sa carrière connaît pourtant quelques retours en grâce dont atteste l’émouvant Slow Country Blues de 2011 produit par Don Was. Produit cette fois par Don Was, on annonce Southern Blood qui lui sortira à titre posthume.
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