Absent des planches montréalaises depuis sa grande sauterie gratuite en plein centre-ville, à l’été 2011 (et un concert secret il y a quelques mois), le groupe était du Kanaval KANPE, un événement-bénéfice pour la fondation parrainée par sa chanteuse, Régine Chassagne. Avec des grosses nouvelles.
Pas des nouvelles en forme de chansons, hélas. Mais une invitation à la patience pour l’Europe qui souhaiterait revoir le groupe : enceinte jusqu’aux oreilles, la Régine.
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Ce qui ne l’a guère empêché de se trémousser dignement d’un bout à l’autre de cette drôle de cérémonie, assez jet set, visant à financer KANPE, qu’elle a cofondé en 2009 pour lutter contre la pauvreté en Haïti. Modelée d’après les fêtes de rue haïtiennes qui ont cours ces jours-ci, l’affaire était costumes, expo, bouffe, musique et philanthropie sur trois étages. Les quelque 400 billets vendus à fort prix étaient détenus par un assortiment assez déroutant de figures médiatiques et politiques, de ressortissants haïtiens, de dignes messieurs-dames… Quelques mordus, aussi, mais rien à voir avec la faune habituelle.
Maracas, trompettes et foulards pour le public
Le clan s’est davantage comporté en hôte qu’en tête d’affiche, mais il a joué le jeu à fond. Après un bref meet and greet, Win, escorté de danseuses, a mené les convives vers une salle ou Régine, assise à la batterie, duellait avec le percussionniste de Doody et Kami, une machine de guerre caribéenne qui, après les discours d’usage, obtiendra le plus clair du temps de scène. Rien qui ne saura dépasser le circuit world local, mais un choix éclairé pour déguinder l’atmosphère et rallier le public bigarré. Ces maracas, trompettes et foulards distribués préalablement dans l’assistance auront vécu.
Arcade Fire s’est immiscé le temps de… trois malheureux morceaux. Même pas neufs, alors qu’on sait très bien que le nouvel album est presque prêt. Mais le message était clair : le groupe est toujours là, fébrile, et il a hâte que ça sorte (dans tous les sens du terme). Une agréable vieillerie pour commencer : Headlights Look Like Diamonds, un extrait oublié de son brouillon EP de 2003. Le groupe s’apprête-t-il à la recuisiner sur disque comme il l’a fait avec No Cars Go pour Neon Bible ? Possible. Win, sans guitare, accroché au micro, ondulait férocement au-dessus du public. Puis, une Sprawl II sans synthés, mais double ration de xylophone (et de Régine). On avait tout réarrangé : Richard assis au tambour, et encore ce fameux percussionniste haïtien pour tenir la cadence. Évidemment, on a conclu avec Haïti.
Joyeux bordel
Tandis que la faction la plus glamour de l’assistance mandait ses valets, le plus surprenant restait à venir. Les membres d’Arcade Fire, ceux-là mêmes qui sont d’ordinaire si sauvages en public, ont revêtu des costumes et emmené le plus vigoureux vers une grande salle où des DJ mixaient kompa, soca, dancehall. Win, caché derrière un masque d’escrimeur, dansant seul pour inciter les timides à le rejoindre. Régine, grande cape dorée sur les épaules, jouant le jeu des photos avec qui lui réclamait… Il fallait encore convaincre la faune hétéroclite de se rassembler sur le dancefloor…
Et ça a marché ! Pas le choix : Win s’installerait aux platines et, secondé d’autres DJ invités, balancerait Michael Jackson, Congotronics, Bowie, les Talking Heads, The Specials, reggae, dub… Et le percussionniste de rappliquer avec son attirail, et Richard avec son tambour, et Will avec une vuvuzela, et Régine au tambourin… Gros bordel souriant deux heures durant.
La prestation aura peut-être été courte, mais on était loin de la participation chiche. Tout pour Haïti !
Reste maintenant à voir ce qu’Arcade Fire sortira en premier dans les prochains mois… Son nouvel album attendu ou un autre single plus pressant?
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