Chaque année, la cérémonie des Oscars nous ressort ses bonnes vannes, ses paillettes, ses sketchs interminables, ses pleurs et ses scandales. Un bon film en somme, avec un scénario bien ficelé et parfois même un poil pimenté. Une sorte de cérémonie des César puissance 1000, à l’américaine, qui nous donne envie de lui décerner quelques prix. And the Oscar goes to…
– La meilleure pleureuse : Gwyneth Paltrow
En 1999, Gwyneth Paltrow remporte l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle d’amoureuse dans Shakespeare in Love. L’actrice aurait tout simplement pu se lever dignement, faire un discours ponctué de quelques blagues et retourner s’asseoir. Mais non, c’était trop simple. Paltrow s’est donc effondrée en larmes à peine son nom prononcé par Jack Nicholson et a tout bonnement noyé son discours dans un déluge de sanglots et de remerciements interminables.
Taux de malaise : 98%. Même sa mère, sur laquelle la caméra se braque plusieurs fois, semble mal à l’aise.
Taux de fou rire : 0%. Le malaise est trop grand.
Degré d’émotion : Très bas. Paltrow pleure trop.
La phrase : « Je veux remercier ma mère (sanglots) que j’aime plus que tout »
Autre pleureuse : Halle Berry, qui remporte l’Oscar de la meilleure actrice pour Monster Ball en 2002, et qui ponctue son discours de sanglots, de spasmes et de tremblements. D’un autre côté, l’émotion est largement justifiée par le fait que Halle Berry est la première actrice afro-américaine à décrocher un Oscar, qu’elle le sait, et qu’elle en parle.
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– Les meilleurs jeunes premiers : Ben Affleck et Matt Damon
Nous sommes en 1998. Affleck et Damon, potes d’enfance et jeunes premiers à Hollywood, remportent l’Oscar du meilleur scénario pour Will Hunting, réalisé par Gus Van Sant et dans lequel ils tiennent les rôles principaux au côté de Robin Williams. Sur scène, Ben Affleck essaye tant bien que mal de garder son sérieux alors que Matt Damon, l’air ahuri, ne se départit jamais de son large sourire. Touchant.
Taux de malaise : 5%. Pour leurs discours un poil gauche et la voix de crécelle que prend Affleck sur la fin.
Taux de fou rire : 60% Les compères finissent par remercier à peu près tous les gens qui leur passent par la tête avec l’air de deux enfants à qui on aurait donné les clés d’un paradis du chocolat.
Degré d’émotion : Très élevé. Amis d’enfance + têtes de jeunots + enthousiasme général.
La phrase : « nous sommes justes deux jeunes mecs qui ont eu la chance de côtoyer des personnes géniales »
Autre jeune premier : Adrien Brody, le plus jeune acteur (29 ans) à remporter l’Oscar du meilleur acteur pour Le Pianiste, en 2002.
– La meilleure réaction : Anna Paquin
Avant de jouer la blonde Sookie Stackhouse dans True Blood, Anna Paquin s’est fait remarquer en brune dans La leçon de piano, de Jane Campion, pour lequel elle a reçu l’Oscar du meilleur second rôle féminin. C’était en 1993 et elle n’avait que onze ans.
Taux de malaise : 10%. Parce qu’on se met dans la peau de cette petite fille seule face à une assistance d’adultes endimanchés.
Taux de fou rire : 85%. Pour l’air à la fois stupéfait et rigolard de Paquin, qui semble sortir d’un grand huit.
Degré d’émotion : Très élevé. C’est une petite fille qui reçoit un Oscar. Y a-t-il besoin d’une autre explication?
La phrase : « J’aimerais remercier l’Académie. »
Autre meilleure réaction: Russell Crowe a l’air lui aussi très sonné en 2001 lors qu’il remporte l’Oscar du meilleur acteur pour Gladiator, avant de se lancer dans un discours très sérieux, à l’image de celui de Paquin (en plus long).
– Le meilleur baiser : Adrien Brody et Halle Berry
En 2003, Adrien Brody, 29 ans et déjà quelques films au compteur, décroche l’Oscar du meilleur acteur pour Le Pianiste de Roman Polanski. A la surprise générale, l’acteur roule une sacrée pelle à Halle Berry, chargée de lui remettre son prix.
Taux de malaise : 10%. Parce que Halle Berry ne semble vraiment pas au courant.
Taux de fou rire : 70%. Parce que le moment est drôle mais aussi parce qu’il engendre un autre gag. En 2004, Adrien Brody, chargé de remettre le prix de la meilleure actrice, se fait un clin d’œil à lui-même en se vaporisant un spray pour la bonne haleine sur scène. L’acteur est drôle mais surtout très malin puisqu’il récolte, pour la peine, un baiser de Charlize Theron, qui remporte l’Oscar cette année-là.
Degré d’émotion : moyen. On sent qu’Adrien Brody est très très ému, mais sa façon de le montrer n’est, elle, pas très émouvante.
La phrase : » je ne connaissais plus mon nom quand vous m’avez appelé. »
Autre meilleur baiser : Adrien Brody et Charlize Theron.
– La meilleure honte: Angelina Jolie et sa jambe
En 2012, Angelina Jolie se la joue (comme d’habitude) bombe-sur-tapis-rouge, moulée dans une robe bustier noire largement fendue sur le côté. Le hic : l’actrice en fait des caisses, adoptant des poses de contorsionnistes devant les photographes mais aussi sur scène, lorsqu’elle annonce les nommés pour l’Oscar du meilleur scénario. Elle n’avait sans doute pas prévu que le trio de récompensés (pour The Descendants) l’imiteraient en venant chercher leur prix.
Taux de malaise : 95%. La « pose Angelina Jolie » est devenu un mème.
Taux de fou rire : 99,999%. Voir les trois scénaristes imiter Angelina Jolie sur scène, devant l’intéressée, n’a pas de prix.
Degré d’émotion : nul. On ne retient de cette remise de prix que le passage « la jambe d’Angelina Jolie ».
La phrase : une jambe ne parle pas.
Autre meilleure honte : en 1934, Will Rogers, qui co-présente la cérémonie et doit remettre l’Oscar du meilleur réalisateur, lance énigmatiquement: « Viens le prendre Frank! » Frank Capra, qui était nommé, monte sur scène pour recevoir l’Oscar. Sauf que c’était Frank Lloyd qui l’avait gagné, pour Cavalcade.
http://www.dailymotion.com/video/xp2vny_angelina-jolie-shows-her-thigh-at-the-oscars_shortfilms?search_algo=2#.USdSNPLEnxU
– La meilleure « petit fille modèle » : Vivien Leigh
En 1940, Vivien Leigh reçoit l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Autant en emporte le vent. Loin de nos blagues et torrents de larmes actuels, l’actrice accepte son prix avec calme et sérénité, prononçant un discours court, soigné et emprunt d’humilité (« Mesdames et Messieurs, veuillez me pardonner si mes mots ne sont pas les bons« ).
Taux de malaise : 20%. Parce que Vivien Leigh glisse une petite blague, l’air de rien, dans son discours et que personne ne rit. (« si je devais remercier tous ceux qui ont été très généreux avec moi sur Autant en emporte le vent, je devrais vous divertir avec un discours aussi long qu’Autant en emporte le vent »).
Taux de fou rire : 20%. Parce que sa petite blague nous fait rire.
Degré d’émotion : très très bas. Pas de pleurs, trop de calme et de sérénité.
La phrase : « Mesdames et Messieurs… »
Autres meilleures « petite fille modèle » : Audrey Hepburn, qui glisse quelques mots de remerciement, le regard baissé et l’air gêné, en recevant son Oscar de la meilleure actrice pour Vacances romaines en 1954. Grace Kelly, dont le discours en 1955 pour The Country Girl, dure en tout et pour tout 13 secondes, montre en main et est à peu près aussi glacial que le pôle nord.
– La meilleure tribune politique : Marlon Brando ou plutôt Littlefeather
En 1973, Marlon Brando reçoit l’Oscar du meilleur acteur pour sa prestation dans Le Parrain de Coppola. Mais c’est une Amérindienne en habit traditionnel qui monte sur scène pour décliner l’Oscar en son nom, afin de dénoncer « le traitement des Amérindiens par l’industrie du cinéma« .
Taux de malaise : 100%. Non seulement Marlon Brando refuse d’accepter cette récompense, mais il transforme la cérémonie des Oscars en tribune politique. Le discours de Littlefeather est, lui, accueilli par des applaudissements mais aussi par des « bouuuh » réprobateurs, conduisant la jeune femme à s’excuser.
Taux de fou rire : 0%. Le moment est grave.
Degré d’émotion : élevé. Parce que ce que dit Littlefeather (qui a un air vraiment très solennel) est loin d’être faux pour ne pas dire complètement vrai.
La phrase : « C‘est avec grand regret qu’il ne peut accepter cet récompense« .
Autre meilleure tribune politique : Michael Moore, qui se lance dans une diatribe anti-Bush en recevant un Oscar du meilleur documentaire, en 2003, pour sa charge anti-armes Bowling For Columbine, sous l’air réprobateur de ses pairs.
– Le plus excité : Roberto Begnini
1999 est l’année Begnini. Le réalisateur italien secoue la planète cinéma avec son film La vie est belle et remporte deux Oscars. Pour celui du meilleur acteur, Begnini parle de Jupiter et de firmament (oui oui). Pour celui de meilleur film en langue étrangère, il gagne la scène en sautant de fauteuils en fauteuils.
Taux de malaise : 30%. Parce que l’extravagante folie de Begnini met quand même un peu mal à l’aise.
Taux de fou rire : 80%. Normal, on parle de Begnini là, celui qui saute partout, parle très fort, et mentionne Jupiter et le firmament.
Degré d’émotion : relativement élevé. Déjà parce que la mélodie crève-coeur du film retentit pendant que le réalisateur gagne la scène. Ensuite, parce que La vie est belle est un grand film.
La phrase : « Je veux embrasser tout le monde parce que vous êtes l’image de la joie. »
– La meilleure révélation : Roger Avary
Le scénariste canadien remporte l’Oscar du meilleur scénario original, avec Quentin Tarantino, pour Pulp Fiction, en 1995 et abrège son discours parce qu’il a envie d’aller aux toilettes.
Taux de malaise : entre 0 et 100% selon si son envie est réelle ou non.
Taux de fou rire : 50%. On ne s’y attendait pas et ça nous fait rire.
Degré d’émotion : Nul. Tarantino et Avary se fendent bien la poire mais ne pleurent pas beaucoup.
La phrase : « Je dois aller pisser donc je vais y aller. »
Autre révélation : Kate Winslet, qui remporte l’Oscar de la meilleure actrice en 2009 pour son rôle dans The Reader, et en profite pour nous expliquer qu’elle s’entrainait, petite, à prononcer un discours de remerciement avec une bouteille de shampoing en guise d’Oscar. Comme nous en fait.
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