Nouveau mixage, sessions de travail, livre et documentaire : le coffret qui célèbre les 50 ans de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band est à la hauteur de l’événement.
Certains concierges de sacristie crient déjà au sacrilège, car on ne touche pas impunément à la chapelle sixties. Cinquante ans, c’est pourtant le bon âge pour un petit ravalement, confié ici à Giles Martin, l’héritier du bon sir George Martin, qui avec l’aval des survivants et des veuves Lennon et Harrison a donc entrepris de retoucher la fresque psychédélique la plus célèbre au monde. Pas un simple remastering comme sur la dernière génération des CD des Beatles datant de 2009, mais bien un nouveau mixage, réalisé à partir de bandes restaurées qui n’avaient jamais été mixées auparavant.
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A ceux qui brament déjà, sans avoir entendu le résultat, Martin Jr. explique dans le livre (somptueux) qui accompagne le coffret anniversaire qu’en 1967, seule la version mono de l’album fut finalisée et approuvée par les quatre Beatles.
Ce nouveau mix apporte plus de relief, de profondeur et de subtilité
Le mix stéréo, destiné à un marché encore marginal à l’époque, étant réalisé à la va-vite par son père et Geoff Emerick mais sans les garçons. C’est pourtant cette version que l’on écoutait jusqu’ici sur tous les supports, du vinyle au streaming, au gré de pressages d’ailleurs parfois discutables.
Sans constituer un tremblement de terre historique – ni mériter qu’on en fasse un malaise vagal –, ce nouveau mix apporte plus de relief, de profondeur, de subtilité dans le détail d’une forêt d’instruments et de parties vocales (la seconde voix de Lennon sur Lucy in the Sky with Diamonds) qui passèrent à l’as en raison des limites techniques de l’époque.
A l’image de la pochette, qui figure en 3D sur le coffret, il existe également un mix 5.1 présent en DVD et Blu-ray, pour créer cette illusion d’immersion voulue par Giles Martin et qui marche déjà pas mal sur version normale. En revanche, le documentaire académique sur le making-of de l’enregistrement, qui date de 1992, aurait mérité un bon coup de frais.
33 titres bonus qui présentent plusieurs versions en chantier
Peu importe, car le vrai trésor défloré ici, ce sont bien ces 33 titres bonus qui présentent plusieurs versions en chantier ou alternatives des chansons de l’album et du single Strawberry Fields Forever/Penny Lane qui le précéda. Certaines étaient déjà apparues sur le volume 2 de la série Anthology – et sur des dizaines de pirates depuis un demi-siècle – mais après l’“immersion” virtuelle du nouveau mix, on est ici véritablement au cœur de l’atome, aux premières loges sur l’échafaudage d’un monument en train de se construire.
Les cinq étages qui conduisent au sommet A Day in the Life se révèlent à ce titre particulièrement instructifs sur la façon dont les Beatles et leur producteur, aidés par toute une logistique humaine et orchestrale, visèrent à hisser la pop-music à hauteur des arts majeurs.
Ce sont aussi ces esquisses, ces hésitations parfois, cette stimulation collective plus palpable que sur le résultat final qui offrent un autre angle de vue sur cette huitième merveille des Beatles. Un album parfois décrié par les fines gueules pour sa forme désuète, son côté “appartement témoin” du psychédélisme carton-pâte, et qui reprend ici à travers la vitalité de ces coulisses toute sa dimension de chef-d’œuvre.
Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band super deluxe edition (6 CD + DVD et Blu-ray + livre de 144 pages)
Existe également en version CD simple, CD double et double vinyle (Apple Corps/Universal)
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