S’appuyant sur une somme invraisemblable d’archives, le documentaire livre un portrait foutraque mais émouvant de la star britannique.
Si la question est de savoir à quel point un documentaire sur David Bowie peut nous emmener à la hauteur de son génie, autant éviter de se frotter à Moonage Daydream. Mais est-ce vraiment le seul angle d’attaque ?
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Brett Morgen, qui a déjà réussi un portrait inventif du mogul hollywoodien Robert Evans (The Kid Stays in the Picture, 2002, avec Nanette Burstein) ainsi que Kurt Cobain : Montage of Heck (2015) sur l’icône grunge, affronte sans complexe la matière énorme mise à sa disposition, faite de nombreux enregistrements audio et vidéo parfois méconnus. Cinq millions de fichiers lui ont été transmis par la succession de Bowie après la mort de ce dernier en 2016, y compris des reproductions de ses peintures réalisées depuis les années 1970.
Beaucoup de bruit et de fureur
Forcément, le film de 2h20 opère un rétrécissement radical. Et Morgen, plutôt que de jouer l’épure, embrasse le foisonnement de celui dont la carrière a duré presque cinquante ans. Cela donne beaucoup de bruit et de fureur et peu de temps pour poser son regard et ses oreilles.
“Moonage Daydream” suscite le désir de revenir toujours et encore à Bowie
Après une période d’adaptation à ce choix du trop-plein, Moonage Daydream n’est pas désagréable et même parfois enivrant, d’un long passage sur la période Ziggy Stardust et ses suites, à une vision assez ironique du succès mondialisé de Let’s Dance. Le seul moment où il est question de création au sens strict du terme concerne l’arrivée de Brian Eno dans la vie de Bowie pour la trilogie berlinoise. C’est passionnant, quoiqu’un peu court.
L’ultime mouvement du film fait de David Bowie un genre de gourou pour une vie plus créative. À peu près toute personne ayant été en contact rapproché avec l’œuvre du Thin White Duke a ressenti cette puissance d’inspiration, pourtant Morgen en fait trop, presque sentimental. On sort de tout cela lessivé·e, même si quelque chose s’est imprimé. Car Moonage Daydream suscite le désir de revenir toujours et encore à Bowie, cet artiste entre deux siècles et deux genres, star ultracontemporaine même après sa mort.
Moonage Daydream de Brett Morgen (É.-U., 2022, 2h20). En salle le 21 septembre.
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