Nouveau monstre de l’industrie musicale, Live Nation a racheté le Main Square Festival qui se déroule du 2 au 5 juillet à Arras. Et profite de l’argent public, au grand dam des associations locales.
« Live Nation, c’est un peu le McDo de la culture. Une stratégie commerciale monopolistique et une menace pour la diversité culturelle.” Guillaume Léchevin, qui dirige l’association Raoul (réseau des lieux de musiques actuelles), ne comprend pas que les collectivités locales du Nord-Pasde- Calais subventionnent le Main Square Festival d’Arras, du 2 au 5 juillet, orchestré par le géant Live Nation. “Nous ne sommes pas contre l’organisation de ce festival, mais contre le principe que l’argent public soutienne une multinationale qui n’a pas besoin de ça pour fonctionner.”
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Depuis l’an dernier, l’événement de la Grand-Place est en effet géré par la société américaine, qui se définit comme la “première entreprise mondiale de spectacles sur scène”. Cotée à la Bourse de New York, elle détient les droits de 170 salles et de 1 500 artistes à travers le globe. Fin 2007, Madonna, Jay Z, Radiohead et quelques autres avait signé un contrat exclusif (couvrant disques, concerts, billetterie, publicité, produits dérivés…) avec Live Nation contre des montants supérieurs à 100 millions de dollars.
Le réseau Raoul, qui fédère 17 structures culturelles locales, vient d’appeler la ville d’Arras, le département et la région à revenir sur leur décision d’attribuer plus de 200000 euros au festival qui fera jouer entre autres Coldplay, Placebo, Lenny Kravitz, Phoenix ou Kanye West. Pour Catherine Génisson, vice-présidente du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais (chargée de la culture), le budget accordé au Main Square ne lèse en rien les autres lieux de production : “Il s’agit de deux enveloppes différentes. Le financement du Main Square relève de la communication, et celui du réseau Raoul de l’action culturelle.”
Pour l’association, quelle que soit l’enveloppe, ce sont des fonds publics qui alimentent la suprématie commerciale d’un grand groupe financier. Et si Raoul reçoit bien des aides, la mission est différente : soutenir des artistes peu médiatisés, mener des actions culturelles dans les quartiers, en milieu scolaire, en prison. “Nous essayons de faire en sorte qu’une véritable rencontre ait lieu entre les artistes et un public pas forcément conquis d’avance. Nous ne cherchons pas à vendre le plus de places possible à un prix exorbitant.”
L’un des objectifs du financement public du Main Square était justement la baisse des tarifs d’entrée. Pourtant, le festival reste le plus cher de France : 175 euros pour 4 jours. Pour contrer cette critique ou pour se sortir d’une mauvaise passe (les billets ne se vendent pas si bien que ça), une vente flash à – 40 % est lancée pendant deux jours. Officiellement, l’entreprise “s’engage pour votre pouvoir d’achat (…) en cette période économique difficile”. Mais on peut tabler sur de réelles difficultés à attirer le public, dues à un excès de gourmandise. Madonna peinant à remplir ses concerts à Paris et Marseille, Live Nation a ainsi dû revoir les tarifs à la baisse.
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