PSG, siestes et olympiades de l’incruste.
La ligue des champions nous l’a récemment prouvé : il peut se passer beaucoup de choses dans les derniers instants d’une rencontre. Par exemple, Niels Schneider m’a renversé un verre sur les pieds à la teuf de clôture de la Semaine de la critique. Il dit qu’il n’a pas fait exprès mais je commence à croire qu’il a quelque chose contre les Inrocks.
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La soirée de jeudi se poursuit chez Albane où l’on célèbre ce que je considère comme le meilleur film du festival, je tiens donc un peu à y aller. Ça s’appelle Good Time, j’ai un carton et mes deux acolytes sont sur liste, mais un imbroglio ne leur donne pas, contrairement à moi, accès à la totalité du délire. On reste donc à la partie « club », où je tombe sur le génial Bernard Ménez qui nous raconte qu’il vient de finir son autobiographie et nous donne quelques nouvelles d’un Jacques Rozier apparemment affaibli (90 balais, tout de même) mais « avec toute sa tête ».
« Tiens, c’est exactement comme ça que j’imagine l’anus d’Okja »
Je décide de jeter tout de même un coup d’œil rapide à la partie la plus cossue de la soirée, la partie « terrasse », ne serait-ce que pour en revenir avec une anecdote. Je m’éclipse donc quelques minutes pour y accéder ; résultat un peu nul, mais avec encore une dernière chambre de Shaolin à atteindre : le carré VIP.
Je m’y incruste en me faisant passer pour un coproducteur du film (je parle au vigile en anglais et en demandant « Josh », il me demande de lui parler en français, je m’exécute avec un faux accent américain, fais mine de téléphoner, et hop) afin d’aller tchatcher Robert Pattinson et Angel Di Maria (encore du PSG, oui), pardon, Buddy Duress, son partenaire de jeu et je n’ai plus aucune idée de ce que je leur raconte. Tout de suite, une image.
Une image.
Tous ces selfies avec des stars, ça commence à faire un peu pizzeria, donc je décide de me calmer (« vu de Facebook, on dirait que Théo est le seul type qui s’amuse à Cannes », a dit un Parisien à une pote). Vendredi, je retourne voir Good Time parce que je fais ce que je veux, ça pose un problème à quelqu’un ?
C’est la projo du lendemain, soumise à un numerus clausus de journalistes qui se ferme hélas juste devant le pauvre Louis Blanchot, de Chro’, terrassé la veille par un Baron impitoyable mais résolu à ne pas rater le film. Le chef du service culture du Monde fait croire à la sécurité qu’il s’agit de son pigiste, qu’il doit absolument le voir, et Louis passe. Du coup, il est recruté ?
Pendant ce temps-là sur Twitter :
On a des nouvelles de Michel Ciment ? Ça va ? pic.twitter.com/p0FCS6VW7h
— Thomas Gastaldi (@snooptom) May 27, 2017
Je déjeune le midi avec Henry Michel, vénérable rigoleur cannois qui avait fermé le ban de nos vidéos 2016, et attaque les derniers mètres de son Fantasy Festival : un faux festival de Cannes en ligne où les internautes ont proposé des pitchs délirants pour une sélection de films imaginaires dont mon coup de cœur sera Les Confidences de l’abricotier (« À l’asile, Wu est mieux qu’à la mine. Mais à chaque promenade il doit passer sous un abricotier qui n’a rien oublié du brûlant été 76 »). Je me targue d’être le tout premier accrédité de ce rendez-vous et vous ferez moins les beaux quand il aura supplanté le festival officiel, en 2027.
Henry vous révèle votre nom de réalisateur sélectionné à Cannes.
L’après-midi, je vais à la plage et elle est bonne. L’heure de la projo du Lynne Ramsay arrive à grand pas, je décide de sécher (à tous les sens), car j’ai un peu la flemme, et j’ai assez envie de finir le festival sur mon film de cœur (Good Time, pour ceux qui suivent).
Michel Ciment ?
Je ne m’emmerde plus, je fais carrément des siestes pendant les fêtes maintenant. C’est pratique à la plage Quinzaine, où démarre mon ultime nuit cannoise : il y a des genres de gros poufs (ça peut aussi marcher au féminin) où on peut se vautrer (ça ne marche plus) (quoique). Le plus vegan des critiques, Camille Brunel, vient me réveiller pour monologuer pendant 35 minutes sur une barmaid qui lui a frôlé la main, et je commence à me motiver : après tout c’est Cutkiller qui passe la musique. Le platiniste est en état de grâce, même si au vu des temps forts je commence à croire qu’il préfère NTM à IAM, mais ne le répétez pas.
Réinventons la critique.
Et puis après tout il passe aussi Joe Cocker (je me fais déshabiller sur You Can Leave Your Hat On, et j’ai pas de chapeau), alors qu’est-ce que ça veut dire ?
On aurait pu considérer comme déraisonnable de finir encore une dernière fois au Baron, mais on ne boucle pas un festival comme celui-ci par une nuit réparatrice, et puis un critique de la concurrence a dit qu’il ferait des notes de frais pour payer les tournées (on embrasse le service compta d’un célèbre hebdomadaire culturel). Je perds trois fois mon portable et le retrouve trois fois. Jérôme Momcilovic s’excuse platement d’avoir utilisé l’adjectif « mineur » dans son texte sur le Safdie et me promet qu’il finira par trouver le film aussi sublime que moi. Jacky embarque la moitié du club pour un chawarma place du marché. Le petit matin réveille lentement la ville. Je m’étonne de réaliser que malgré une édition chargée en réjouissances nocturnes, c’est ma première aube. Je rentre.
À l’année prochaine.
Avec mon beau Jacky.
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