La série de Cécile Ducrocq, plongée fictive dans les coulisses du Palais Garnier, fixe ici son axe sur les états de corps limites que la danse induit.
La première saison de L’Opéra, fiction tissée dans les travées du Palais Garnier et de son corps de ballet, ne tenait pas entièrement ses promesses. Si l’on prenait plaisir à pénétrer dans les coulisses de la prestigieuse institution dans le sillage des danseurs et danseuses, chorégraphes, technicien·nes et employés qui la font vivre, une mise en scène peu inspirée et un traitement schématique des personnages bridaient le potentiel d’une partition trop scolaire.
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“Plus de flamboyance et de trouble”, pourrait demander Diane Taillandier, ancienne danseuse étoile dont l’exigence fait trembler les tutus de la nouvelle génération, et qui assure par intérim la direction de la danse après le départ mouvementé de Sébastien Cheneau. Et les nouveaux épisodes, comme stimulés par sa présence magnétique, de sortir la série de ses gonds en envisageant son arène moins comme un miroir de la société contemporaine que comme le creuset de mutations difficiles.
Des corps avides d’éclore, quitte à griller des étapes, ou confrontés à leurs propres limites
Celles d’une institution livrée aux intrigues politiques et aux impératifs de rentabilité, tiraillée entre la préservation des traditions et la nécessaire modernisation de son fonctionnement. Celles, aussi, de corps avides d’éclore, quitte à griller des étapes (la jeune Flora, tout juste admise au concours d’entrée de la compagnie, tente sa chance dans une compétition dont le niveau semble trop élevé pour elle), ou confrontés à leurs propres limites (enfin revenue en grâce, la danseuse étoile Zoé Monin est victime d’un accident qui pourrait mettre fin à sa carrière).
Mise en scène comme la première par Stéphane Demoustier, cette saison trouve une certaine vigueur à s’agripper à ces corps en lutte, conjuguant sans cesse l’élévation et la chute, la douleur et l’extase. Si elle ne se défait pas de son classicisme et de ses dialogues policés, elle saisit quelque chose de l’irrépressible besoin de danser qui meut ses personnages en dépit des vents violents qui menacent à chaque instant de les faire s’effondrer.
L’Opéra saison 2 de Cécile Ducrocq, avec Ariane Labed, Suzy Bemba, Anne Alvaro. Sur OCS à partir du 20 septembre.
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