Donald Trump est bien connu pour son « handshake » des plus étranges et bourrins. De quoi obliger ses homologues internationaux, face à cette tentative de démonstration de force corporelle, à s’adapter.
Le magazine Spy l’avait qualifié de “rustre aux petits doigts”. Est-ce en ce jour de 1998 que Donald Trump, 45e Président des Etats-Unis, penaud des knackis un peu boudinées prolongeant ses mains décida qu’il serrerait à présent la pince de ses interlocuteurs de façon musclée, histoire de compenser ce complexe ? La question se pose à l’heure où l’ex-magnat de l’immobilier semble avoir décidé de faire de cet acte somme toute banal un instrument d’affirmation de sa puissance.
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“Tout est politique” disait un slogan bien connu de Mai 68. Bon, on ne jurerait pas que Trump étudiait la philo ou l’histoire à la Sorbonne à cette époque – en témoigne cet affligeant mot écrit récemment au mémorial de la Shoah, à Jérusalem – mais il est évident que, lors de ses rencontres avec les différents chefs d’Etat, le Républicain peroxydé entend donner un sens subliminal et symbolique – à défaut d’impact politique réel – à ses poignées de main. Des “Trumpshakes”, scrutées de très près à chacune des apparitions du Président, se décomposant, comme le raconte cette vidéo publiée par la BBC, en trois étapes :
1) Adopter une “poigne ferme”
2) Tirer le bras de son interlocuteur vers soi, d’un coup sec, paf, son vice-Président Mike Pence s’en souvient
3) Lui faire une petite tape – amicale, condescendante, au choix – sur l’épaule (ou la main, comme ci-dessous avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe)
4) Dire des bêtises (bonus)
“Certaines poignées de mains sont clairement faites dans l’optique d’affirmer son ascendant sur l’autre.”
Les médias américains ne cessent de s’interroger à ce propos. En témoigne cet article du Washington Post consacré à la poigne de l’homme, où un psychologue auteur d’une étude sur ce que dit de nous notre façon de serrer la main des gens – “Hanshaking, Gender, Personality and First impressions” – explique comment, cette “forme universelle de salutation, du moins dans les pays de culture occidentale, donne une première impression sur la façon d’être de son interlocuteur” et peut nous servir à faire passer des messages : “Certaines poignées de mains sont clairement faites dans l’optique d’affirmer son ascendant sur l’autre.”
Cela, les autres chefs d’Etat l’ont bien compris, les enjoignant à adopter différentes attitudes : passivité, contournement, volontarisme. Impuissance, parfois, aussi, à l’image du Premier ministre du Monténégro, poussé par un Trump désireux d’être au premier plan lors du sommet de l’Otan à Bruxelles, jeudi 25 mai – il n’est certes pas question de poignée de main ici, mais tout de même d’une démarche d’auto-célébration de soi-même des plus bourrine et testostéronée, adjectif d’ailleurs employé par l’agence Bloomberg pour décrire l’attitude manuelle de Trump.
Quand Donald #Trump "tasse" cavalièrement un autre chef d'État. pic.twitter.com/ARC9Hi0WrK
— Alexis De Lancer (@AlexisDeLancer) May 25, 2017
Alors, pour lui montrer qu’ils ne se laisseront pas faire, certains dirigeants n’hésitent pas à prendre Trump à son propre jeu. C’est le cas du Premier ministre Canadien Justin Trudeau, dont la feinte pour éviter le “coup sec” – vous savez, l’étape 2 – avait fait beaucoup parler d’elle.
Mais depuis hier, c’est sa première rencontre avec le Président français, Emmanuel Macron, dont il est surtout question, et ce, notamment chez les médias américains comme le rapporte ce papier de France info. En témoigne ce tweet d’un journaliste de la BBC, qui raconte la réaction d’un de ses collègues qui a assisté au serrage de mains entre les deux hommes, toujours au Sommet de l’Otan.
Pool report poetry on the Macron-Trump handshake pic.twitter.com/veZH9bRG5h
— Danny Kemp (@dannyctkemp) 25 mai 2017
“Ils se sont serrés la main furieusement, Trump tentant de retirer la sienne tandis que Macron continuait à la tenir. Les articulations de Trump sont devenues blanches (En d’autres termes, c’était une poignée de mains “Va te faire foutre”, raconte quelqu’un qui les a vus dans la pièce).”
Idem avec ce tweet d’un journaliste de l’AFP :
Pool report poetry on the Macron-Trump handshake pic.twitter.com/veZH9bRG5h
— Danny Kemp (@dannyctkemp) 25 mai 2017
“Ils se sont serré la main sur une période très longue, chaque Président empoignant la main de son homologue avec une intensité considérable, leurs articulations devenant blanches, leurs mâchoires serrées et leurs visages tendus.”
Un peu plus tard dans la journée, Macron et Trump se re-croisaient, le premier narguant d’abord le second, avant que l’ancienne vedette de téléréalité ne redouble d’efforts pour tender de montrer au leader de la République en marche! qui est le patron.
MAGNIFIQUE.
Regardez Trump ouvrant ses bras pour accueillir Macron avant qu’il l’esquive à la dernière seconde ????❤️.pic.twitter.com/n7n1uSj5kZ
— Max ???? (@MaximeHaes) 25 mai 2017
De quoi inciter la presse US et anglo-saxonne à affirmer que Trump avait trouvé un adversaire à sa taille dans cette course à la démonstration de force, comme le dit par exemple ce papier du Guardian.
Out-shaken pic.twitter.com/OQr5Q2uaA8
— Rupert Myers (@RupertMyers) 25 mai 2017
En tout cas, en France, c’est peut-être Slate qui propose la meilleure analyse de toute cette histoire :
“Mais c’est aussi que le président américain, si bouffon dans son rôle, manque à toute la bienséance habituelle des chefs d’Etat, et ne cesse de se ridiculiser par de menus détails. Et qu’il est si difficile de lire sa politique diplomatique que les commentateurs en cherchent des signes n’importe où.”
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