“Benvenue chez Ed Banger Records, bonjour à tous, faites semblant de travailler”, lance dans un rire Pedro Winter à ses collègues en ouvrant la porte de son label dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il est 11 heures du matin et l’ambiance est plutôt détendue : dans l’unique pièce règne un vaste bordel fait de […]
« Benvenue chez Ed Banger Records, bonjour à tous, faites semblant de travailler”, lance dans un rire Pedro Winter à ses collègues en ouvrant la porte de son label dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il est 11 heures du matin et l’ambiance est plutôt détendue : dans l’unique pièce règne un vaste bordel fait de vinyles, de figurines et d’objets en tout genre dont on ne saurait définir l’usage à première vue. Pedro Winter, lui, s’y retrouve parfaitement – quoique. “Mes premiers relevés de ventes des débuts du label ! J’avais oublié ce truc”, se marre-t-il en fouillant dans un tiroir plein à craquer. Il faut dire que Winter occupe les locaux depuis treize ans, dont plus de la moitié passée à la tête d’Ed Banger, qui s’apprête à fêter sa première décennie en mars.
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Avant d’être l’écurie de Justice, Sebastian, Mr. Oizo ou Breakbot, Ed Banger est avant tout le parc d’attractions de ce géant blond de 37 printemps, fan de metal, de rap US, collectionneur compulsif, DJ et ex-manageur de Daft Punk – il a été leur bras droit tatoué de 1996 à 2008. C’est d’ailleurs à partir d’une relique de cette époque, sortie d’une étagère, que Winter, storyteller improvisé, commence à raconter l’histoire plutôt atypique de son label. “C’est une boule disco qui était plantée dans le plafond du premier studio de Daft Punk dans le XVIIIe. Quand Thomas et Guy-Manuel ont déménagé, je leur ai demandé si je pouvais la récupérer. C’est un peu le symbole du début de l’aventure Ed Banger.”
Le vrai point de départ réside pourtant dans une rencontre, dans ces mêmes bureaux : celle de Mr. Flash, premier artiste signé sur le label en 2003. “Il cherchait un manager, mais ça ne m’intéressait pas, donc je lui ai proposé de sortir son disque à la place. En me réveillant ce matin-là, je ne m’étais pas du tout dit que j’allais créer un label, et le soir, en allant me coucher, je commençais à lui chercher un nom.” Ce sera Ed Banger, en hommage au titre d’une émission culte de MTV dans les années 80, Headbangers Ball. “C’était une émission de métaleux, c’est grâce à elle que j’ai découvert mon amour pour Aerosmith, Slayer et Metallica. Quand on a reçu ce prix pour le clip de We Are Your Friends de Justice, j’ai eu le sentiment que la boucle était un peu bouclée”, raconte-t-il, pas peu fier, un prestigieux MTV Award à la main.
Fier, Pedro Winter peut l’être : plus d’une centaine de sorties en dix ans, des collaborations à la pelle, un directeur artistique à la patte inimitable, SoMe, et une signature en or, Justice, dont les deux albums ont atteint des chiffres de vente impensables. Pas de fanfaronnade, pourtant, chez le Parisien, qui se fiche pas mal des mathématiques – en témoigne une note de courses de 2 000 dollars punaisée au mur, héritée d’une virée du label au festival californien Coachella. Ed Banger, grande famille ? Le terme est un peu galvaudé, mais sied pourtant parfaitement à Winter, qui semble ne vouloir qu’une chose : s’amuser et reproduire auprès des gosses d’aujourd’hui ce qu’il a lui-même vécu plus jeune.
“Je me souviens de l’époque où j’allais acheter les disques du label de James Lavelle, Mo’Wax, chez Rough Trade, rue de Charonne, sans même les écouter parce que je lui faisais entièrement confiance. Quand j’entends des gens me dire aujourd’hui qu’ils ont toutes les sorties Ed Banger, je suis heureux, parce que je me dis qu’on a reproduit cette notion de confiance avec nos fans.” Quoi de plus flatteur pour un collectionneur que d’être à son tour collectionné ?
Concert Ed Banger 10 ans, le 1er mars à Paris (Grande Halle de la Villette)
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