La punk romantique et transgenre se métamorphose en Bob Dylan postapocalyptique. Et nous libère avec elle.
Après l’explosif Twelve Nudes (2019), suivi d’une BO pour la série Sex Education, Ezra Furman revient à la veine ample et nerveusement romantique de Transangelic Exodus (2018). Dès l’ouverture de All of Us Flames, odyssée politique et exaltée, elle convoque le souvenir du Dylan des protest songs, mais passées au hachoir indus. Puis sur Dressed in Black, c’est un Wham! défoncé qui prend le relais, ou un Arcade Fire sous les électrochocs d’Antonin Artaud. Ezra partage avec le collectif montréalais ce goût des montées enfiévrées, cette pulsation haletante déchirée par des riffs en cascade (Forever in Sunset).
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Fan impénitente du Green Day des années 1990, l’artiste a fait appel au crucial John Congleton pour parfaire cet art de la saturation barbelée autour de la voix, de l’arpège tranchant qui vient éviscérer la mélodie apollinienne.
Même solide comme un ride springsteenien, tout semble ici sans cesse sur le point de se briser, tout est dérapage et fêlure, tout se reconfigure comme on passe d’une station à une autre sur une bande FM rugueuse.
Des lonely hearts en quête d’un club band
Célébrant en filigrane la société secrète et solidaire des femmes trans, All of Us Flames se veut cri de ralliement à l’attention des opprimé·es et des lonely hearts en quête d’un club band. Comme en écho aux oscillations de cette famille aux frontières effacées, l’album est de ces disques qui se révèlent différemment selon qu’on les écoute à plein régime ou à faible volume. Mais sur toutes les hauteurs, sa flamme nous embrase le cœur.
All of Us Flames (Bella Union/PIAS). Sorti depuis le 22 août.
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