Culture de gang, “désir de vengeance” et réseau djihadiste… Les pistes pour expliquer la radicalisation du responsable de l’attentat qui a fait 22 morts à l’Arena sont nombreuses.
Salman Abedi aurait été animé par un “désir de vengeance”, suite à la mort de l’un de ses amis. En mai 2016, Abdul Wahab Hafidah, 18 ans, était pourchassé et poignardé à mort lors d’un règlement de comptes dans un conflit territorial entre clans rivaux. “Cet incident a suscité un sentiment de colère chez les jeunes Libyens de Manchester et surtout chez Salman, qui a exprimé clairement son désir de vengeance” a confié à l’AFP Mohamed Fadil, porte-parole de la communauté.
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Né en Angleterre, Salman Abedi était proche de l’un des gangs de Manchester. “Il y a une culture de gang qui se développe parmi les jeunes Libyens. C’est un sujet d’inquiétude au sein de la communauté”, explique au Guardian l’un des chefs de la diaspora. Cette tendance, selon lui, est due au manque de repères parentaux de cette génération. “Le père d’Abedi est parti pour la Libye quand il avait 17 ans. Il a vécu cinq années sans figure paternelle.”
Dans le Wall Street Journal, sa soeur Jomana avance d’autres motifs : “[Salman] a vu des enfants, des enfants musulmans, mourir dans le monde et il voulait les venger. Il a vu les bombes que l’Amérique a lâchées sur des enfants en Syrie et il voulait les venger.”
Réseau mancunien et libyen
La police britannique enquête sur un réseau de djihadiste autour de Manchester. Huit personnes sont en garde à vue et les recherches se poursuivent, alors que le pays est en état d’alerte “critique” et craint une “attaque imminente”.
Salman Abedi, auteur présumé de l’attentat, était en contact avec Raphael Hostey, responsable du départ de dizaines de djihadistes anglais, avant que celui-ci ne soit tué dans un raid aérien à Mossoul, en avril. Il avait également des connexions avec d’autres membres du réseau terroriste dans le Nord de l’Angleterre : Stephen Gray, Raymond Matimba ou Ronald Fiddler.
Depuis le drame, les brigades antiterroristes libyennes ont interpellé le plus jeune de ses frères, Hashem Abedi, supposément au courant de ses projets. “Nous surveillions le suspect depuis un mois et demi, a déclaré le porte-parole de l’unité “force Rada” à Reuters. [Hashem Abedi] a dit être membre de l’Etat islamique avec son frère, Salman. Il a reconnu avoir été au Royaume-Uni pendant la phase de préparation de l’attentat”.
Ramadan Abedi, leur père, est également détenu. Parti au Royaume-Uni pour fuir la dictature de Mouammar Kadhafi, il était rentré se battre aux côtés des rebelles pour faire tomber le régime, en 2011. Son fils Salman l’aurait rejoint quelques semaines, durant ses vacances d’été.
Un trajet passé au crible
Le présumé terroriste avait récemment passé trois semaines à Tripoli, où réside sa famille. “Il n’a pas dit qu’il allait à Manchester. Il a dit qu’il partait faire une omra (un pèlerinage à la Mecque) et qu’il avait eu une offre spéciale” relate son père, peu avant d’être arrêté.
Le jeune homme est ensuite passé par Istanbul, une destination souvent empruntée par les Libyens rentrant en Europe, et a fait escale à Düsseldorf quatre jours avant de commettre son attentat. S’il n’est pas passé par la Syrie, un précédent voyage en Allemagne a levé des interrogations sur de possibles liens avec des réseaux djihadistes Outre-Rhin.
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