“Hors de Paris, point de salut pour la culture”, entend-on parfois dans la bouche de cinéphiles (malheureusement) peu enclin·es à s’aventurer hors des limites de la capitale. Pourtant, de nombreux festivals de cinéma s’y déroulent aux quatre coins de la France, tout au long de l’année. Pour le mois d’août, tour d’horizon de cinq des plus palpitants d’entre eux.
Festival de cinéma de Douarnenez
Nichée dans le Finistère, la petite commune de Douarnenez accueille depuis plus de 40 ans le festival de cinéma auquel elle a donné son nom. Résolument ouverte sur le monde, sa programmation éclectique fait la part belle à la fiction comme au documentaire, au cinéma français comme étranger.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Cette année, pour sa 44e édition, les organisateur·trices ont choisi de mettre la Suisse à l’honneur, “ce pays façonné par des minorités, qui présente une filmographie rebelle et critique sur la société (…). Un pays multilingue, à l’opposé du modèle centralisateur français, qui ne peut que nous interroger…”
Au programme donc, une diversité de films, 130 environ, qui interrogent tous à leur façon les multiples facettes de ce pays souvent méconnu, des luttes féministes (Claudette, Sylvie Cachin ; Les Conquérantes, Petra Volpe…) qui l’ont façonné aux questions migratoires (La Forteresse, Fernand Melgar). Sans compter la programmation jeune public, les films accessibles en langue des signes française, les expositions, ainsi que les concerts, entre autres.
Festival de cinéma de Douarnenez, du 20 27 août.
Rencontres cinéma de Gindou
Dans l’imaginaire collectif, festival de cinéma rime souvent avec tapis rouge, compétition officielle, nœuds papillon et soirées bien arrosées. À Gindou, rien de tout cela – ou presque. Sans compétition, mais pas sans exigence (loin de là !), le festival, qui programme chaque été une centaine de films – courts et longs métrages, fictions et documentaires –, privilégie avant tout les échanges entre cinéphiles et professionnel·les, très présent·es pendant le festival.
Originaire de la région et accueilli au Festival de Gindou il y a plus de vingt ans, le réalisateur Alain Guiraudie (Pas de repos pour les braves, 2003, L’Inconnu du lac, 2013, Viens, je t’emmène, 2022…) y revient cette année en tant que parrain, succédant ainsi à la réalisatrice et actrice Marie-Claude Treilhou (2021), aux frères cinéastes Arnaud et Jean-Marie Larrieu (2019), ou encore à Agnès Godard (2017), directrice de la photographie. L’occasion, donc, de (re)découvrir l’œuvre foisonnante de l’“un des cinéastes les plus inventifs du cinéma français”, dixit Sébastien Lasserre, programmateur du festival, mais aussi d’échanger avec le réalisateur, sur place pendant plus de la moitié du festival.
Et pour les plus endurant·es, des apéro-concerts sont également au programme, ainsi que des animations pour le jeune public et des rencontres-signatures au sein de la librairie éphémère, organisées par la librairie Tartinerie (Sarrant).
Rencontres cinéma de Gindou, du 20 au 27 août.
États généraux du film documentaire à Lussas
Pour les amoureux·euses du cinéma “docu”, on ne présente plus les États généraux du film documentaire. Pour les autres, un petit rappel s’impose : créé en 1989, le festival, situé dans le petit village ardéchois de Lussas, regroupe chaque année des professionnel·les du documentaire – scénaristes, réalisateur·trices, monteur·euses, compositeur·trices de musique de film… – et des passionné·es pour une semaine de projections, mais aussi de séminaires et d’échanges.
“Marquée par un contexte politique inquiétant”, face auquel “l’importance de se retrouver autour du cinéma documentaire (…) semble plus cruciale encore”, dixit les co-directeur·trices du festival, cette 34e édition s’annonce riche de court et long métrages hétéroclites, des années 1930 à aujourd’hui, de la France métropolitaine à Madagascar, en passant par le Vietnam, la Suisse, le Burkina Faso ou encore le Canada.
Plus particulièrement, la programmation – dont la totalité sera dévoilée le 1er août – fera, entre autres, la part belle aux cinémas documentaires cubain et japonais. La Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), partenaire du festival, proposera également une carte blanche au compositeur Jorge Arriagada, connu notamment pour ses créations dans les films de Raoul Ruiz, Barbet Schroeder ou encore Daniel Rosenfeld.
États généraux du film documentaire, du 21 au 27 août, Lussas.
Festival du film francophone d’Angoulême
Au fil des années, le festival de cinéma d’Angoulême est devenu une référence pour les adeptes de cinéma francophone. Et pour sa 15e édition, les organisateur·trices ont vu les choses en grand.
Le jury, d’abord : présidé par André Dussollier, trois fois césarisé, il sera également composé du compositeur Alex Beaupain, du journaliste Patrick Cohen, de l’actrice rwandaise Isabelle Kabano ou encore de la réalisatrice Leyla Bouzid, distinguée l’année dernière à Angoulême pour son deuxième long métrage, Une histoire d’amour et de désir.
Côté programmation, la sélection n’est pas moins alléchante. On retrouvera ainsi, parmi les films en compétition, Annie Colère de Blandine Lenoir (Aurore) avec Laure Calamy (excellente dans le récent Antoinette dans les Cévennes), Houria de Mounia Meddour (Papicha), ou encore Les Survivants, réalisé par Guillaume Renusson et avec Denis Ménochet, actuellement à l’écran dans As Bestas et Peter Von Kant. Sans oublier les catégories Avant-premières (L’Innocent, Louis Garrel, Les Amandiers, Valeria Bruni-Tedeschi…), Nouveaux regards (Amore Mio, Guillaume Gouix…) ou encore neufs films présentés en hommage au cinéma rwandais.
Festival du film francophone d’Angoulême, du 23 au 28 août.
Festival international du film insulaire de Groix
Le concept de ce festival de niche est pour le moins intéressant : faire se réunir, chaque été, “en images et en musique, les cultures insulaires du monde” à travers la projection de films documentaires, mais aussi la représentation de spectacles vivants et de concerts.
“Terre de contrastes et d’ambivalences, de beauté et d’ombre, d’hospitalité et de rejet, de luttes et de violences”, c’est la Corse qui sera cette année à l’honneur. Au programme : projection de films documentaires contemporains (La Part du rêve, Jean Froment, Tavagna, le chœur des hommes, Hélène Amétis…), soirées thématiques et projections-débats viendront interroger les multiples facettes de l’insaisissable “âme corse”.
De quoi donner envie de sauter dans un bateau, depuis la gare maritime de Lorient, pour découvrir l’île bretonne de Groix et son insolite festival.
Festival international du film insulaire de Groix, du 18-22 août.
{"type":"Banniere-Basse"}