L’écrivain américain est sorti de sa réserve pour attaquer le dénommé « JD California », qui comptait publier la suite de son roman mythique sorti en 1951, L’Attrape-Coeur.
A-t-on le droit d’écrire la suite d’un chef d’œuvre ? Si le phénomène fait les choux gras des producteurs de cinéma via les (très) nombreux sequels, prequels et autres spin-off, la chose pourrait être un peu plus compliquée en littérature.
Ainsi, près de 60 ans après la sortie de L’Attrape-cœurs, un certain JD California vient de sortir en Grande-Bretagne un livre intitulé 60 Years Later : Coming Through the Rye – un titre qui fait directement référence à Catcher in the Rye (L’Attrape-coeurs).
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Dédicacé à JD Salinger, le roman met en scène un certain Mr C. âgé de 76 ans s’échappant de sa maison de retraite pour déambuler dans New York, comme Holden Caufield le faisait 60 ans plus tôt. Traditionnellement opposé à toute forme d’adaptation, JD Salinger aujourd’hui âgé de 90 ans vit reclus dans le New Hampshire depuis des décennies et ne sort de l’ombre que pour attaquer. En 1982, il poursuivait un homme qui avait tenté de vendre une interview fictive de lui. Cinq ans plus tard, il refusait à Ian Hamilton la publication d’une biographie citant certaines de ses lettres (biographie finalement parue sans les citations).
Enfin en 2003 il faisait interrompre l’adaptation cinématographique de l’Attrape-cœurs par la BBC. Au début du mois de juin il déposait donc logiquement plainte devant une cour de justice de Manhattan aux Etats-Unis (où la sortie du livre est prévue pour le 15 septembre). « Cette suite n’est pas une parodie, ce n’est pas un commentaire ou une critique de l’original.C’est purement et simplement une arnaque » déclaraient dans la foulée les avocats du romancier américain.
De son côté, la maison d’édition suédoise basée à Londres, Windupbird Publishing, s’acharnait à défendre le droit d’exister du livre « Nous croyons à cet ouvrage. Nous croyons que c’est une histoire en elle-même. Nous croyons qu’il a le droit d’exister » déclarait l’éditeur Fredrik Colting. Pour l’auteur, JD California – qui se défend au passage d’avoir choisi son pseudo en référence à JD Salinger -, il s’agit de deux histoires différentes.
Et quand bien même, pour ce suédois exilé aux Etats-Unis, JD Salinger possède les droits sur le nom de ses personnages mais pas sur leur style et leur évolution. Si en France, le droit d’auteur se compose d’un droit moral perpétuel qui a pour finalité le respect de l’œuvre, la législation américaine contient, elle, le concept de fair use qui autorise des variations autour d’une œuvre à certaines conditions.
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