La cinéaste Marie Dumora a filmé une famille yéniche sur une durée de quinze ans. « Belinda », présenté par l’ACID, est le portrait d’une jeune femme saisie à 9, 15 et 23 ans. Un objet à la fois brut et romanesque.
Truffaut avait filmé Léaud-Doinel dans un arc allant de l’enfance à l’âge adulte. Marie Dumora a entrepris une démarche similaire, mais en partant de la réalité brute et brutale d’une famille yéniche (une branche du grand arbre tzigane) de l’Est de la France. Au début du film, Belinda a 9 ans et elle est séparé de sa soeur chérie : l’une est placée dans un foyer, l’autre dans une famille d’accueil. Elles se retrouvent à 15 ans sous le même toit familial (un HLM encombré) pour fêter le baptème d’un neveu. Cette fois, c’est le père incarcéré qui manque. Puis à 23 ans, Belinda est encore victime d’un arrachement affectif : c’est au tour de son amoureux d’être emprisonné. Malgré ces diverses ruptures qui en auraient abattu plus d’un, Belinda conserve tout au long des années et des épreuves un inextinguible appétit de vivre, une faconde dépenaillée, des rêves d’avenir. Elle change aussi, de coiffure, de style vestimentaire, de distance de regard sur l’existence. Belinda est un très émouvant et puissant portrait de femme évolutif, sculpté dans le minerai ingrat de la condition prolétaire pour en ramener des pépites d’humanité, de courage et de désir de vivre.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour retrouver toutes les notes de nos critiques c’est ici.
{"type":"Banniere-Basse"}