Soupçonné d’obstruction à la justice, une procédure de destitution pourrait être lancée contre le président américain. Retour sur la folle semaine de Donald Trump.
A la Maison Blanche, les révélations accablantes dans la presse n’en finissent plus. A tel point que les appels à la destitution du président américain fleurissent. Lundi 15 mai, le Washington Post affirmait que Donald Trump aurait communiqué des informations classifiées lors de la visite du ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, le 10 mai dernier. Le lendemain, le New York Times publiait des informations encore plus graves pour le président américain. Le 14 février dernier, il aurait suggéré à M. Comey, patron du FBI, d’interrompre une enquête visant Michael Flynn, son conseiller à la sécurité nationale qu’il venait de limoger. Des accusations très graves pour Donald Trump qui risque une destitution étant donné que les faits peuvent être « potentiellement assimilé à une tentative d’obstruction visant la justice », explique Le Monde.
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L’échange ce serait passé dans le bureau Ovale, où personne d’autre n’était présent à ce moment là puisque Donald Trump aurait demandé au vice-président, Mike Pence, et à l’attorney general (équivalent du ministre de la Justice), Jeff Sessions, de quitter la pièce juste avant.
« J’espère que vous pourrez juger bon de laisser passer ça »
Cette suggestion aurait pris la forme d’une note rédigée par le directeur de la police fédérale juste après son entretien avec le président. « J’espère que vous pourrez juger bon de laisser passer ça, de laisser Flynn. C’est un bon gars. C’est quelqu’un de bien. J’espère que vous pourrez laisser tomber », aurait insisté Donald Trump si l’on en croit la note de M. Comey. « Je suis d’accord, c’est un gars bien », aurait-il simplement répondu.
Michael Flynn avait été contraint de démissionner après avoir menti à Mike Pence sur le contenu d’un échange téléphonique avec l’ambassadeur de Russie à Washington en décembre dernier. Le conseiller de Donald Trump, à l’époque sans fonction officielle, aurait alors assuré aux Russes que les sanctions imposées par Barack Obama (dont l’expulsion de 25 espions) seraient bientôt levées. Des propos illégaux, puisque comme le rappelait Le Figaro : « Un citoyen américain non mandaté par le gouvernement n’a pas le droit de négocier avec un pouvoir étranger, l’incrimination pouvant aller jusqu’à la trahison ».
De son côté, la Maison Blanche a nié en bloc les affirmations du New York Times en expliquant que le contenu de la note ne correspondant pas à une « description juste ou honnête de la conversation entre le président et M. Comey ». Mais l’étau se resserre pour Donald Trump face à ces scandales en cascade. Et dans le monde politique, les réactions sont virulentes.
« Trop c’est trop »
« Trop c’est trop. Le Congrès doit aller au fond de ces questions », a martelé l’élu démocrate Adam Schiff. « C’est un test sans précédent pour le pays. Je dis à tous mes collègues du Sénat : l’histoire nous regarde », a déploré le chef de l’opposition démocrate au Sénat, Cheuck Schumer. Bernie Sanders, a lui appelé à la mise en place d’un procureur spécial :
« Plus que jamais nous avons besoin d’un procureur spécial pour déterminer s’il y a eu une collusion entre la campagne Trump et la Russie ».
« J’ai été réfractaire aux discussions sur la destitution jusqu’à présent, mais si le mémo de Comey est véridique – et Comey est très crédible -, nous sommes dans une nouvelle donne », a déclaré sur Twitter, l’ancien conseiller de Barack Obama, David Axelrod.
I've been resistant to impeachment talk until now, but if Comey memo is true-and Comey is very credible-we are into a whole new deal here.
— David Axelrod (@davidaxelrod) May 16, 2017
Jeudi 19 mai, l’ex-directeur du FBI, Robert Mueller, a été nommé procureur spécial pour enquêter sur les liens entre Trump et la Russie. James Comey viendra s’expliquer directement et publiquement devant la commission judiciaire du Sénat, au moins de juin.
Le président républicain de la commission de surveillance du travail gouvernemental a demandé au directeur par interim du FBI de lui fournir « tous les mémos, notes, résumés et enregistrements relatifs à une quelconque communication entre Comey et le Président », avant le 24 mai prochain.
Republican, Chairman of @GOPoversight @jasoninthehouse requests memos, notes, summaries and recordings between #Comey and @POTUS pic.twitter.com/8d4oZ4a7xq
— Brooke Singman (@BrookeSingman) May 17, 2017
Une décision hautement politique
La procédure de destitution permet au législatif de démettre de ses fonctions tous les haut-fonctionnaires américains quels qu’ils soient (président, vice-président, juges fédéraux…). Selon l’article II, section IV de la Constitution, les officiels fédéraux peuvent être destitué en cas de pour « trahison, corruption, ou autres crimes et délits majeurs ». La procédure d‘ »impeachment » se déroule ensuite en deux étapes. La chambre des représentants doit d’abord désigner un commission qui rédigera les actes d’accusations. Cette mise en accusation doit ensuite être votée à une majorité simple, avant d’être envoyée au Sénat. Pour que la destitution soit mise en œuvre, elle doit obtenir les 2/3 du vote des sénateurs. Une procédure qui n’a, à ce jour, jamais aboutie.
Tout repose alors sur les majorités de la chambre des représentants et du Sénat. Or, les Républicains sont actuellement majoritaires dans ces deux instances. Mais au fur et à mesures que les affaires éclatent, la donne pourrait bien changer à la vue des élections de mi-mandats (les mid-terms) du 6 novembre 2018 où Donald Trump pourrait perdre sa majorité.
Sur les 45 présidents des Etats-Unis, trois ont fait l’objet d’une procédure d’impeachment : Andrew Johnson en 1868, Richard Nixon en 1974, et Bill Clinton en 1998. Le président Nixon avait démissionné de lui-même. Un président destitué est remplacé par son vice-président.
Pour l’instant, même si l’impeachment de Donald Trump parait encore très hypothétique, au moins deux élus démocrates ont demandé le lancement d’une procédure de destitution à l’encontre du président Trump.
« Je ne veux pas sauter à la case destitution tant qu’un chemin ne nous y conduit pas, a prudemment déclaré Bernie Sanders. Peut-être qu’il nous y mènera, peut-être pas ».
Selon les informations de CNN, la Maison Blanche a toutefois demandé à ses avocats de se renseigner sur la marche à suivre en cas de lancement d’un tel processus.
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