Ce vendredi 24 juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a révoqué le droit fondamental à l’avortement. Un séisme qui témoigne du vent conservateur qui souffle sur de nombreuses démocraties occidentales.
L’époque marche à reculons, et quasiment à l’envers. La décision de la Cour suprême d’abroger le droit fondamental à l’avortement, en revenant sur l’un de ses arrêts, Roe Vs Wade, remet le pays là où il était il y a 50 ans : à chaque État de décider ce qui est possible en matière d’avortement. Maintenant que la décision de la Cour suprême permettant l’avortement au niveau fédéral a été retranchée, ceux qui n’avaient jamais aboli leurs vieilles lois vont les voir redevenir souveraines.
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50 ans en arrière qui surviennent au moment où la même Cour suprême autorise le port des armes à feu à l’extérieur : une décision qui ne considère pas les récents massacres perpétrés dans des écoles, des tueries permises par cette liberté d’achat des armes. Désormais, c’est le retour, en additionnant ces deux décisions, à une époque digne du western, conservatrice et moraliste, tout en privilégiant, question lobbying, une forme de libéralisme et d’individualisme outrancière. On n’a pas le droit d’avorter, mais on a le droit de se tirer dessus.
Où est passé le monopole de la violence, qui définit l’État comme seul détenteur de la capacité théorique à exercer un pouvoir coercitif violent ? Surtout, où sont passées les voix contemporaines qui prônent une société dans laquelle les vieux idiomes de la domination ont été déconstruits et mis au placard ? Ces voix, qui ont beaucoup de résonance sur les réseaux, dans l’édition et ailleurs, sont marginalisées par de telles décisions.
Elles le sont aussi en France, comme par un effet de miroir, ou l’Assemblée nationale comporte désormais 89 députés d’extrême droite avérés. Combien de temps faudra-t-il pour qu’une telle recomposition du paysage politique affecte aussi la législation et la façon de gouverner les mœurs ? Dans combien de temps, Marine Le Pen et ses parlementaires seront-ils en mesure de demander des lois revenant, comme aux États-Unis, sur les acquis ? Le récent procès entre Johnny Depp et Amber Heard a été commenté comme un recul de #MeToo. Il n’est sans doute qu’un appendice dans un mouvement global bien plus rétrograde et conservateur. Macron et Biden se sont rêvés en Mitterrand et Obama, ils se réveillent aujourd’hui dans la peau d’Albert Lebrun, le dernier président avant Pétain.
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