L’incursion ce matin du nouveau président de Radio France dans le studio de France Inter jette un froid à la Maison Ronde, déjà en proie aux doutes sur les circonstances de sa nomination…
Et si Jean-Luc Hees, fraîchement choisi par l’Elysée pour diriger le groupe Radio France, avait déjà commis sa première grosse bourde ? Au bout de quelques jours seulement après son arrivée à la présidence, début mai. En s’invitant ce vendredi matin dans le studio de France Inter, où le journaliste Edwy Plenel, directeur de Médiapart, répondait aux questions des auditeurs sur son « combat pour une presse libre », le nouveau boss de Radio France semble avoir tout fait pour nourrir les doutes qui flottent sur les circonstances de sa nomination.
Comment se soustraire aux injonctions du pouvoir lorsque vous lui devez votre propre existence ? Comme s’il avait déjà envie d’attiser la polémique, à moins que son inconscient y ait pensé à la place de son surmoi, Hees a foncé dans le tas. Pour se faire tirer dessus, et ça n’a pas manqué. Quelques heures après son incursion à 9h57 dans le studio, le syndicat national des journalistes (SNJ) déclarait : « cette prise directe d’antenne est de même nature que la nomination directe (…) Elle dit : j’ai le pouvoir, donc je fais ce que je veux (…) Jean-Luc Hees n’a de cesse de vouloir se montrer rassurant en revendiquant qu’il est le garant de l’indépendance alors qu’il prouve le contraire ce matin en s’imposant à l’antenne d’Inter!« . « On n’a jamais vu une telle situation à Radio France, ni même dans le privé, un Pdg qui déboule dans un journal pour prendre la parole !« , ont ajouté certains journalistes de la maison.
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Même si on peut imaginer que Jean-Luc Hees tenait à rassurer les auditeurs d’Inter sur ce qu’il entend faire, c’est-à-dire respecter la liberté sur son antenne, son acte impromptu n’a fait que traduire l’inverse de son intention supposée. Cela s’appelle un effet pervers, et il n’est pas sûr qu’il soit de très bon goût (et de très bonne augure) en ces premiers jours d’un mandat dont on ne connaît pas encore les grandes lignes stratégiques. La tentation du micro, et l’art d’y résister, pourraient figurer en tête de liste des commandements du président. Qui rêve encore de Synergie, son ancienne émission fétiche, quand il devrait plutôt réfléchir aux synergies de ses équipes.
« Je passais devant la maison, je suis rentré », l’étrange incursion de Jean-Luc Hees en vidéo (à la 14ème minute).
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