DJ Hell devient Hell tout court, et c’est d’enfer
Délesté de son badge de DJ et pavé de bonnes intentions (Teufelwersk signifiant “L’Œuvre du démon”), Helmut Josef Geier ne pouvait rendre plus enthousiaste hommage à l’électronique allemande et à sa propre carrière de producteur que ce diptyque rétrospectif et introspectif. Face Night, le greluchon est évidemment le plus Hell pour aller danser, un caïd des clubs obsédé par le regard vairon de David Bowie (U Can Dance, avec Brian Ferry dans le rôle du caméléon) et la lumière noire des gourbis branchés (The Disaster). Face Day, la chevelure câblée du boss d’International Deejay Gigolo laisse entrevoir ses racines sur ce qui constitue son disque le plus personnel à ce jour : accompagné de musiciens ”traditionnels“, Hell évoque avec une même affection le rock psyché d’Hawkwind, via une reprise impeccablement planante de Silver Machine, et l’ambient tel que le concevait Tangerine Dream (le monumental The Angst, aux parties de guitares arides). House, disco, krautrock, dans tous les cas la virée est esthétique, mais elle aussi géographique et technologique. En témoignent les mélodies sci-fi de Germania et Electronic Germany, tribut faussement béotien et vraiment enivrant payé aux claviers et pistolasers de Munich, Berlin et consorts. Deux titres qui synthétisent l’ambition de ce portrait à cœur artificiel ouvert et de cette odyssée temporelle, double-pièce maitresse d’un quadragénaire dont on n’attendait plus grand chose. Un album de crise et de fin de crise, en somme.
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