Céline Puertas, journaliste musique et lifestyle, présente le nouveau podcast food qui perce le mystère des habitudes alimentaires des artistes en tournée… et nous donne l’eau à la bouche.
Les français adorent manger, c’est un fait. La nourriture est un sujet de conversation qui rythme nos journées et dépasse également les frontières de nos assiettes pour nous sensibiliser sur des sujets comme la santé, l’écologie ou la représentation du “corps parfait”.
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Pour son podcast Eat the Road, Céline Puertas a choisi d’inviter des musiciens dans leur restaurant préféré pour discuter food et comprendre ce que cela raconte d’eux. En cassant les codes de l’interview classique, le rendez-vous est intimiste et les langues se délient pour laisser place à la confidence. Les Inrockuptibles ont interviewé Céline pour en savoir plus sur cette expérience auditive et gourmande.
Les Inrockuptibles – Pourriez-vous vous présenter et revenir sur vos expériences en tant que journaliste, notamment celles qui vous ont orienté vers la musique et le lifestyle ?
Céline Puertas – J’ai commencé comme journaliste musique en faisant un premier stage chez Tracks, fin 2005. J’étais fan de musique, je ne voulais faire que ça ! Quelques années plus tard, je suis entrée chez Glamour. J’y ai travaillé en tant que rédactrice en cheffe adjointe, ainsi que dans la rubrique lifestyle. Là-bas, j’étais à l’affût des nouveaux restos, des tendances food qui se faisaient ailleurs, et c’était un truc qui me plaisait beaucoup ! Quand Glamour a fermé, j’avais un projet de podcast dans les tuyaux. J’avais envie de faire une émission avec un invité. Un format long sans stress de promo, où on n’a pas besoin de regarder sa montre… Il s’appelait “Posé”. Finalement le projet n’a pas vu le jour.
Parlez-nous un peu de Eat the Road. Comment l’idée a germé ?
Mon truc, c’est la musique et la nourriture. Je viens d’une famille où la gastronomie est hyper importante. Ma mère confectionnait des foies gras et des confits de canard. Un jour, je me suis dit qu’on ne proposait jamais vraiment aux artistes de parler de bouffe. Or, il se trouve que c’est un sujet qui intéresse tout le monde ! Je me suis dit que ce serait drôle de demander à des musiciens comment ils mangent et qu’est-ce que ça raconte d’eux. Il se trouve qu’on sacralise un petit peu la tournée, mais la réalité des groupes que l’on écoute aujourd’hui c’est des voyages en bus ou en train et des hôtels moyens en province. Je voulais raconter comment on mange en tournée, comment ça se passe, si la nourriture est un carburant pour eux ou si c’est un accessoire.
Comment l’opportunité s’est présentée à vous une fois devenue freelance ?
J’ai eu beaucoup de chance parce qu’un jour, alors que j’étais un peu déprimée, je suis allée déjeuner avec ma copine Margaux Grancher qui travaille chez Majelan. Je lui ai expliqué l’idée de mon podcast en lui faisant part de mes craintes de le lancer seule. Elle a trouvé mon idée super et a voulu la produire avec Majelan. Tout d’un coup, le projet est devenu réalité.
Pourquoi le format podcast plutôt qu’une retranscription écrite des entretiens ?
J’avais envie de raconter l’histoire autrement et c’était un petit challenge pour moi qui ai fait quinze ans de presse écrite. Je pense aussi que c’était plus pertinent. Le format est plus intime et tu es immergé dans le cadre du resto et des habitudes de l’artiste qui le raconte. Quand on essaye de réécrire une interview et d’être le plus fidèle possible, il y a beaucoup de choses qu’on ne partage pas : les fous rires, les intonations, la surprise dans la voix etc. C’est vrai qu’avec le podcast, même si on ne voit pas, on devine. Et puis avec la bouffe, on a ce truc hyper sensuel et organique qui fait qu’en les entendant se régaler, on a envie de partager cette gourmandise, palpable à l’oreille.
Comment sélectionnez-vous les artistes interviewés ?
Je fais ma petite enquête avant de lancer une piste d’interview pour voir s’ils ont des choses à dire sur le sujet. Suzane, je savais qu’elle était végétarienne, je me doutais qu’elle allait m’emmener dans un restaurant où on ne mange pas de viande ou qu’on allait pouvoir aborder ces sujets. Pour Gringe par exemple, que j’ai interviewé peut-être cinq ou six fois maintenant, j’y allais en terrain conquis en connaissant son mode de vie un peu décousu. On ne partage pas qu’une interview parce qu’on se retrouve en tête à tête et on crée un lien un peu différent. On sort du cadre journaliste/artiste.
“La nourriture c’est quand même le carburant et les artistes, ça carbure ! Je voulais savoir de quoi ils se nourrissaient au sens propre et au sens figuré.”
Pourquoi est-ce pertinent d’interroger les artistes sur leurs habitudes alimentaires ?
Certaines personnes peuvent se dire que c’est anecdotique, mais moi je ne trouve pas. Pendant l’épisode, Jacques m’a raconté comment, à chaque repas de famille, tout le monde se mettait autour de la table et remerciait sa mère pour ce qu’elle avait préparé. Il avait des parents qui sacralisaient le repas et ça se retrouve dans son rapport avec la nourriture aujourd’hui. On se rend compte que les habitudes qu’on a en étant petit structurent nos journées d’adulte plus tard.
Et je pense que la plupart des artistes sont des bons vivants. C’est quand même un métier de partage, de joie, de célébration. En tournée, il y a toujours un apéro hyper festif et convivial à la fin des concerts. On retrouve ces mêmes valeurs autour de la nourriture et je voulais faire un pont entre ça en perçant le mystère de la tournée. En tant que public on voit juste des gens qui enchaînent des dates dans des lieux paradisiaques, donnent tout sur scène et font la fête. Or une tournée représente aussi beaucoup de contraintes, de la fatigue, des repas avalés sur le pouce en cinq min dans un bus. J’avais envie de savoir si c’était un sacrifice pour eux ou pas. Quand Gringe m’explique qu’il a toujours mangé des sandwichs triangles, on comprend qu’il n’est pas traumatisé. Par contre pour Suzane, tu sens que ça peut être une source d’angoisse. La nourriture c’est quand même le carburant et les artistes, ça carbure ! Je voulais savoir de quoi ils se nourrissaient au sens propre et au sens figuré.
On a l’image de Gringe dans la série Bloqués, qui, affalé sur son canapé, n’a pas un mode de vie très sain. Est-ce que les habitudes alimentaires des artistes interrogés correspondaient à l’idée que vous vous en faisiez avant l’interview ?
Pour Gringe oui, mais c’était biaisé parce que j’ai beaucoup étudié l’animal. Dans une interview pour Glamour, à l’époque, on avait parlé de ses habitudes de vie et il m’avait expliqué à quel point il ne dormait pas et mangeait n’importe comment. Ça m’interrogeait de savoir comment il assumait tous ses tournages, ses interviews. Autrement, je n’essaie pas d’imaginer avant. Suzane, je ne l’avais jamais rencontrée et ne savais pas du tout ce qu’elle allait me raconter. Elle est avignonnaise et toutes ces histoires d’enfance autour de la bouffe étaient hyper touchantes. Avec Jacques, j’ai été surprise de voir à quel point il était fanatique de nourriture. Il a tout analysé, toutes les textures, les saveurs, les ingrédients. Du coup, même si j’arrive avec une petite idée préconçue au départ, je n’ai fait que des découvertes et même des petites claques humaines.
Gringe, Suzane, Jacques… Quel·les sont les futur·es invité·es du podcast ?
Il y aura Marie Flore, Lilly de Lilly Wood and the Prick, Julien Granel et Adélaïde, la chanteuse de Thérapie Taxi, qui va être un des derniers épisodes de la série. Pour l’instant, on part sur une saison 1 de huit épisodes !
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