Pour célébrer les 20 ans de la chute du Mur, des artistes du monde entier restaurent à l’identique les fresques qu’ils avaient peintes en 1989. Devoir de mémoire ou opération de com ?
Le 9 novembre 2009, le monde entier fêtera les 20 ans de la chute du mur de Berlin. En attendant cette date anniversaire qui marque la fin de la guerre froide, une centaine d’artistes a entrepris la restauration des fresques peintes en 1989 sur le “mur de la honte”. Ils étaient 118 à l’époque, de 24 nationalités différentes, venus témoigner leur joie et leurs espoirs et redonner des couleurs à la face Est du rideau de fer jusque-là coupée du reste du monde.
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Vingt ans plus tard, à la demande de la Künstlerinitiative East Side Gallery, la plupart d’entre eux a accepté de revenir pour redonner un coup de jeune à leurs tags et wall paintings, endommagés par le passage du temps et des vandales. Et malgré la polémique (certains ont exigé des honoraires de 15 000 euros contre l’indemnité de 3 000 euros annoncée au départ), ils sont aujourd’hui 92 à oeuvrer sur les rives de la Spree où subsiste encore un pan de mur de 1,3 kilomètre de long qui fait le bonheur des touristes venus célébrer ce monument comme on visite ailleurs la tour Eiffel ou l’Empire State Building.
Parmi les “pièces maîtresses” du Mur : le fameux Baiser fraternel entre Leonid Brejnev et Erich Honecker ou encore la reproduction des drapeaux allemand, israélien et palestinien. Cependant, le projet (qui coûte quelque 2,5 millions d’euros et est financé en partie par l’Union européenne, l’Etat allemand et la Fondation Lotto) suscite des débats : faut-il intégralement restaurer le Mur comme l’a suggéré Kani Alavi, le président de la Künstlerinitiative à l’origine du projet ? “Est-il pertinent de reproduire à l’identique des travaux réalisés à chaud quelques mois seulement après la réunification ?”, s’interroge par exemple La Gazette de Berlin.
Le Russe Dimitri Vrubel, l’auteur du Baiser fraternel, s’est posé la question, et a un temps hésité à remplacer les deux protagonistes historiques par des portraits de Barack Obama et Vladimir Poutine. Il est finalement revenu sur sa proposition et a accepté de reproduire à l’identique, comme la plupart de ses confrères, sa peinture de 1989.
Hasard du calendrier, les Jardins du Palais- Royal à Paris accueillent jusqu’au 1er juin la collection particulière “Artistes pour la liberté”, constituée depuis 1990 par le collectionneur français Sylvestre Verger. Quelques mois après l’ouverture du rideau de fer, ce passionné d’histoire a acquis des fragments vierges du Mur qu’il a ensuite confiés à 45 artistes de renommée internationale parmi lesquels Daniel Buren, Sol Lewitt, Ilya Kabakov, Robert Longo ou Eduardo Chillida.
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