Vu au Festival Les Inrocks Motorola 2007, le trio australien ravit par son electro-pop aussi mélancolique qu’euphorisante, aussi robotique que fragile. Déjà la sensation de 2008.
Un groupe dont le nom commence par Midnight et qui vient d’Australie, forcément, on se méfie : on pense immédiatement à la grande gigue chauve et désarticulée d’un autre Midnight, Oil celui là, qui braillait dans le bush ses vieilles histoires de pieux qui brûlent ou je ne sais quelle autre histoire de literie un peu hot. Là, avec Midnight Juggernauts, il s’agirait plus de combinaisons matelassées et un poil futuristes (mais comme on voyait le futur dans les années 80). Avec Dystopia, leur premier album pour l’instant uniquement disponible à l’autre bout du monde (Australie et Nouvelle-Zélande) et attendu en France en 2008 via le label Institubes, ces trois jeunes types de Melbourne ont tout simplement publié l’un des disques les plus palpitants de cette année – un disque qui sera malheureusement un peu victime du décalage horaire en 2007.
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On y entre par une longue intro – c’est toujours bon signe – qui fixe d’emblée l’ambiance : un truc un peu science-fiction, entre John Carpenter et Giorgio Moroder, qui ouvre sur un univers un peu glacé, mais qui vous autorise à danser quand la situation l’exige, vous verrez. Puis il y a une chanson peu significative, Ending of an Era, sorte de Blur 2.0 sans véritable intérêt, et il faut attendre le troisième titre, Into the Galaxy, pour se rendre compte d’une chose : Vincent Juggernaut (on s’appelle ici comme chez les Ramones), le chanteur, fait penser à Bowie, mais pas à n’importe quel Bowie. Celui qui a la voix qui flotte un peu au-dessus de la musique sur les albums produits par Brian Eno. Mais là où celle de Vincent Juggernaut est cool, de voix, c’est qu’elle semble aller un peu plus loin dans la mise en scène d’elle-même (quitte à surjouer parfois), et ce dès Shadows, l’un des meilleurs morceaux du disque, idéal pour danser sur soi-même en tenue de cosmonaute (argentée de préférence), les yeux rivés sur une pluie d’étoiles lumineuses.
Il y a un peu de ce bon/mauvais goût-là chez Midnight Juggernauts, tout dépend de quel côté on se place. Il y a du Brian Eno/Bowie dans la voix et l’esprit, donc, un peu de Buggles pour rigoler, mais aussi beaucoup d’Electric Light Orchestra, c’est vrai. La grande force de Midnight Juggernauts, c’est un peu comme pour Justice chez nous (les deux groupes viennent d’ailleurs de tourner ensemble) : parvenir à compresser tellement ces influences qu’au final on n’y fait presque plus attention. On remue sur Tombstone ou Road to Recovery, les deux singles envoyés en tête de pont, sans penser aux coutures. Et on reste aussi attentif et heureux tout au long du disque, un vrai disque, conçu avec un milieu, un début et une fin, là encore un peu comme chez Justice. Vivement 2008.
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