L’effondrement de l’aristocratie sicilienne, un braquage au féminin, une veste en daim à franges ou encore un grand classique de l’anime, quels sont les nouveautés à ne pas manquer sur Netflix.
Le Guépard de Luchino Visconti (1963)
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Triomphe cannois auréolé d’une Palme d’or et jouissant d’une reconnaissance critique et public immédiate, la grande et somptueuse fresque historique de Visconti subit pourtant quelques attaques. Une partie des spectateur·trices voit, dans les enluminures teintées d’académisme du film, un renoncement – si ce n’est une trahison – aux manifestes néoréalistes passés de l’Italien (Ossessione, Rocco et ses frères). Malgré ses apparences de film de patrimoine au prestige désuet, il n’en est rien : le cinéaste fixe la matière brut du réel avec toujours cette même formidable acuité qui le place aux côtés de Proust comme l’un des plus grands peintres de la lente déliquescence du monde aristocratique.
Les Veuves de Steve McQueen (2018)
Nul doute, Steve McQueen est un grand formaliste. En seulement trois films jusqu’à 2018 (Hunger, Shame, 12 Years a Slave), le plasticien et cinéaste britannique a construit une œuvre à l’esthétique virtuose et puissante – dont on a pu lui reprocher cependant le recyclage de certains poncifs usés du cinéma d’auteur (distanciation, glaciation émotionnelle). En s’attaquant dans Les Veuves pour la première fois au cinéma de genre (le film de braquage), le cinéaste signe un thriller sec et tendu qui préserve l’extrême intensité de sa mise en scène tout en se délestant de ces scories formalistes d’antan.
Le Sel de la Terre de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado (2014)
Documentaire sur le photographe Sebastião Salgado coréalisé par Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, fils de Sebastião, Le Sel de la Terre célèbre toute la somptueuse beauté des travaux de l’artiste brésilien et livre un poignant témoignage sur les guerres et souffrances qui habitent le monde.
Le Daim de Quentin Dupieux (2019)
Actuellement dans les salles avec son dernier film Incroyable mais vrai, Quentin Dupieux a dessiné en quelques années une filmographie singulière et prolifique (cinq films tournés en quatre ans). Après avoir rendu un hommage appuyé à Buñuel et Blier dans Au poste ! – quitte à perdre en singularité –, le cinéaste renouait avec son étrangeté si particulière dans Le Daim, une comédie inquiétante et dépressive portée par un Jean Dujardin offrant l’une de ses partitions les plus touchantes de sa carrière.
The Florida Project de Sean Baker (2017)
Découvert à Sundance avec le très prometteur Tangerine, Sean Baker poursuit dans The Florida Project son étude aussi tendre que féroce de l’Amérique des laissé·es-pour-compte. Dans cette plongée au cœur d’une famille white trash dans les coulisses de Disney World à Orlando, le cinéaste saisit avec une tristesse joyeuse le désenchantement du rêve américain, ce vieux mirage venu d’un autre siècle.
Akira de Katsuhiro Ōtomo (1988)
Après une ressortie en salle à l’été 2020, le film culte d’Ōtomo, sorti en 1988, arrive sur Netflix. Une nouvelle acquisition qui sera l’occasion pour la jeune génération fan d’animes de découvrir cette chapelle du genre, qui allie, dans un même geste, une incroyable virtuosité technique pour l’époque (sans aucun doute l’animation la plus fluide et précise jamais atteinte à sa sortie) à une peinture post-apocalyptique particulièrement visionnaire sur le contemporain.
Loving de Jeff Nichols (2016)
“Ce que j’aime dans le travail de John Ford, c’est qu’il accorde toujours la priorité au personnage”, écrivait Truffaut. On pourrait retourner l’hommage à Jeff Nichols, qui a cette même attention et hauteur de vue pour celles et ceux qu’il regarde. Et particulièrement dans Loving, son œuvre la plus classique à ce jour (au sens de : qui poursuit la tradition d’un certain classicisme de l’âge d’or hollywoodien). Le réalisateur y restitue avec une grande délicatesse le combat dans les années 1950 d’une femme noire et d’un homme blanc pour acquérir le droit au mariage alors refusé au couple mixte dans l’État de Virginie.
Spider-Man: New Generation de Bob Persichetti et Peter Ramsey (2018) – À partir du 30 juin
Après de multiples tentatives, du meilleur (La Trilogie de Raimi) au plus insignifiant (The Amazing Spider-Man), que pouvait-on attendre d‘un nouveau portage sur écran des aventures de l’homme-araignée ? Voilà la difficile question à laquelle devait répondre le film d’animation de Bob Persichetti et Peter Ramsey. Une crainte balayée immédiatement tant ce Spider-Man: New Generation redistribue avec insolence toutes les cartes de la mythologie du super-héros masqué.
D’une inventivité formelle étourdissante, percé de multiples ramifications et télescopages narratifs, le film est un exemple particulièrement réjouissant de l’œuvre-fils qui a su tuer le père. Dans un paysage de blockbusters cernés de reboots et sequels, le film d’animation de Bob Persichetti et Peter Ramsey offre un modèle revigorant. Hollywood devrait peut-être davantage s’en inspirer s’il souhaite lui aussi, renaître de ses cendres.
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