« J’aime la pop-music/Mais est-ce que la pop-music m’aime ?”, s’interroge Teki Latex sur le troisième morceau de son premier album solo, Party de plaisir.
Avouer son amour est une épreuve si difficile que l’on saluera d’abord son courage. La question de la réciprocité de cet amour se posera, naturellement, mais un tout petit peu plus tard, s’il vous plaît. Car ce qu’on a envie de comprendre, d’abord, c’est pourquoi ce jeune type qui aurait pu se contenter de régner sur le petit cercle des fans de TTC choisit brusquement, avec une bonne dose de culot et la générosité qu’on lui connaît, de se mettre à poil, comme ça, pour tenter cette curieuse conquête. Le pari est très audacieux et, pour aller au bout de son idée, Teki Latex s’est entouré de ce qu’on fait de mieux par ici, la doublette Gonzales-Renaud Létang, à l’œuvre sur les derniers albums de Katerine ou de Feist.
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Les sessions d’enregistrement débutent alors que se terminent celles du Robots après tout de Katerine , devenu depuis l’étalon – dans les deux sens du terme – de la pop française. Teki Latex arrive alors à son tour en studio, avec un ou deux morceaux gratouillés sur un bout de feuille. Et c’est là qu’on est en droit, à l’écoute de l’album, d’être quand même un tout petit peu déçu par la proche collaboration entre ces deux types que l’on tient en très très haute estime. Party de plaisir est loin d’être un mauvais disque – on ne cesse de réécouter Les Matins de Paris avec Lio, l’absurde et oulipien Bonne soirée, et on danse de travers sur Go Go Go, bel hommage à la disco italienne et aussi un peu à Début De Soirée.
Mais pris dans son ensemble, ce n’est pas l’œuvre œcuménique qui permettra la rencontre avec le grand public que Teki semble appeler de ses vœux : “J’ai fait un disque pour le camping”, martèle-t-il à qui veut l’entendre. Mais un camping qui serait vu par le prisme déformant du Paris Paris. Un peu comme si la doublette Teki Latex/Gonzales n’avait pas osé, au dernier moment, serrer aussi fort que possible avec ses quatre bras Le Petit Bonhomme en mousse de Patrick Sébastien – de peur de lui faire mal, ou peut-être de s’en mettre un peu sur le polo fluo, de la mousse.
Reste que l’on ne peut qu’encourager Teki Latex à poursuivre dans cette veine (avec le concours de Gonzales) : il est aujourd’hui l’une des rares personnes à pouvoir faire tomber le mur auquel se heurte cette pop française qui a toujours autant de mal à laisser ouvert son bouton du haut. Lio et Katerine (ce dernier est à l’œuvre sur l’hilarant duo Petite fille qui ne veut pas grandir) ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui Teki Latex, lorsqu’il s’échappe un temps de TTC, peut compter sur le soutien de ces précieux tuteurs pour se voir donner quelques cours d’élégance débraillée. Party de plaisir est, malgré ses défauts, la première pierre évidente vers une pop-music débridée. Et il serait idiot de vouloir la jeter.
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