[Les poches de l’été] Avec “Puissance de la douceur”, la regrettée autrice a redonné ses lettres de noblesse à ce concept dénigré en philosophie.
Anne Dufourmantelle n’a jamais craint de prendre des risques. On sait que l’autrice d’Éloge du risque (Payot, 2011) est morte d’un arrêt cardiaque en tentant de sauver un enfant de la noyade en 2017.
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Philosophe et psychanalyste, elle n’avait bien sûr jamais craint de relever certains défis intellectuels, comme de passer au crible de la philosophie des sujets perçus comme non nobles par les philosophes. La douceur en est un.
Force révolutionnaire
Dans son magnifique Puissance de la douceur, Dufourmantelle prend même le contre-pied des clichés associés à ce concept trop dénigré. Elle la présente comme une force révolutionnaire, une puissance subversive : “La douceur provoque de la violence car elle n’offre aucune prise possible au pouvoir […]. Du prince Mychkine aux vagabonds de Hamsun, ceux qu’on a appelés les innocents ne se savent pas porteurs d’une douceur qui les voue à l’errance et à la solitude. Sa contiguïté avec la bonté et la beauté la rend dangereuse pour une société qui n’est jamais autant menacée que par le rapport d’un être à l’absolu.”
Le soin, l’amour, la justice, le pardon, la bonté, la sublimation, la réparation, la création, la pénombre : la philosophe interroge brillamment toutes les facettes de cet “instinct au plus près de l’être, qui ne serait pas seulement affecté à la conservation de l’être, mais à la relation”. Y compris à la relation avec soi-même. À noter que son Éloge du risque est aussi disponible en poche.
Puissance de la douceur d’Anne Dufourmantelle (Rivages Poche/“Petite Bibliothèque”), 132 p., 8,50 €. En librairie.
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