La Biennale d’art contemporain de Seine- Saint-Denis n’aura pas lieu. En cause, la réforme des collectivités territoriales, contre laquelle se bat le président du conseil général, Claude Bartolone.
Comble d’ironie : le projet de péniche sur lequel travaillait l’artiste polonais Krzysztof Wodiczko pour la Biennale de Seine-Saint-Denis risque fort de… sombrer.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Créée en 1993, la très pointue et très politique Biennale de Seine-Saint-Denis n’aura pas lieu cette année. La manifestation, qui fait les frais d’un budget en berne, est la première victime collatérale de la réforme des collectivités territoriales en cours.
“Nous avons limité les dégâts par rapport à d’autres départements avec une baisse du budget de la culture de seulement 7 %,
tempère Emmanuel Constant, viceprésident chargé de la culture au conseil général de Seine-Saint-Denis.
Il n’y a aucun acharnement particulier contre l’art contemporain. Mais je ne vais pas vous mentir, si la Biennale a dû être supprimée cette année, l’environnement budgétaire de 2011 est au moins aussi inquiétant que celui de 2010, ce qui ne laisse rien présager de bon.”
Dès décembre 2009, le président du conseil général et député de Seine-Saint-Denis (PS) Claude Bartolone avait annoncé la couleur avec un appel intitulé “Culture en danger” qui a recueilli plus de 30000 signatures.
Depuis, il a tapé plus fort, en votant ce qu’il appelle un “budget de révolte”, soit un budget en déséquilibre de 75 millions d’euros (ce qu’interdit la loi). Il vise à contraindre l’Etat à prendre ses responsabilités, et à verser les compensations nécessaires liées à la suppression de la taxe professionnelle et aux transferts de compétence en matière sociale.
“Tous les départements doivent maintenant assumer un volant social (RSA en tête), sauf que, dans un département comme la Seine-Saint-Denis où la dimension sociale est très importante, les conséquences budgétaires sont plus dramatiques”
, rappelle encore l’un des membres du conseil général.
Logiquement, par un effet ricochet, la culture se retrouve aujourd’hui doublement menacée, par ce budget général déficitaire d’une part, mais aussi parce que dans ce climat délétère les collectivités ont de moins en moins les coudées franches en la matière.
C’est ce qu’explique Marianne Lanavère, la directrice du centre d’art La Galerie à Noisyle- Sec, qui insiste au passage sur l’atteinte portée une nouvelle fois aux arts visuels :
“Le plan de réforme des collectivités territoriales diminue l’autonomie budgétaire qui leur permettait jusquelà d’initier des politiques culturelles complémentaires à celles de l’Etat.”
La plupart des lieux artistiques associés à la Biennale, La Galerie donc, mais aussi Le Forum, Khiasma ou Les Instants Chavirés devraient toutefois essayer de présenter une version amendée (avec, entre autres, un rapatriement d’oeuvres prévues pour l’espace public au sein des structures) des projets artistiques en cours depuis plus d’un an.
{"type":"Banniere-Basse"}