Ces prochains mois, l’exposition “Les Pigeons du square” et de la rétrospective “Les Pieds dans l’eau” seront consacrées au réalisateur et biologiste français Jean Painlevé.
On reproche souvent aux représentations écologiques, et à bon droit, de sombrer dans la paralysie. Cela serait, dans le monde de l’art, devenu un genre en soi : une élégie effondriste. On ne compte plus les expositions spectacularisant les ruines ferrailleuses du capitalocène, auxquelles répondent, comme leur reflet inversé, les suppliques teintées d’autoflagellation à “réclamer la terre”.
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À force, le soupçon de dépolitisation s’épaissit. La fascination pour le monde non humain camoufle de ses frondaisons la crise qui affecte tout autant les vivant·es humain·es. Elle permet de rêver d’autres modes de cohabitation non hiérarchiques, et des manières d’habiter non extractivistes, tout en évitant soigneusement de franchir le cap leur application au social.
Dans un livre traduit aux éditions Divergences, Fahim Amir lie précisément l’un et l’autre : Révoltes animales (2022) adopte la ligne d’un “marxisme légèrement ensauvagé”, étend l’exploitation capitaliste aux animaux, mais tire également de leur observation des tactiques de résistance potentiellement réappropriables pour toustes. Plutôt que de “Pleurnicher le vivant”, selon le titre d’un article de Frédéric Lordon allant également en ce sens, élargir la résistance. Aux deux philosophes répond depuis le visible l’exposition Les Pigeons du square (d’après et avec Jean Painlevé) à la galerie Air de Paris. Soit une vingtaine d’artistes et autant de variations, merveilleuses d’irrévérences, autour de l’animal auquel Fahir Amir consacrait le chapitre suivant : “La force de frappe du pigeon : conchier le monde”.
Alors que s’ouvre, au Jeu de Paume, la rétrospective dédiée au cinéaste des avant-gardes Jean Painlevé, qui lia au début du siècle dernier anticonformisme surréaliste et documentaires animaliers, une ligne de front s’ouvre : déconsidéré·es de tous les règnes, unissez-vous !
*Les Pigeons du square (d’après et avec Jean Painlevé), jusqu’au 30 juillet à la galerie Air de Paris.
*Jean Painlevé. Les Pieds dans l’eau, du 8 juin au 18 septembre au Jeu de Paume.
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