Héritier de “Mario Kart” et de “Smash Bros”, “Battle League Football” tourne le dos au réalisme de “FIFA” au profit d’une vision fantasmatique et festive du ballon rond.
C’est peut-être le jeu Mario qui ressemble le moins à un jeu Mario. Sa musique, plutôt rock et directe, tranche dès l’écran-titre avec les thèmes traditionnels du Royaume Champignon, dont les rondeurs et les couleurs vives sont aussi mises à mal par le style graphique de ses artworks et des images agressives cernées de noir qui apparaissent en cours de partie. Parce qu’ici, attention, on ne rigole plus. Place au foot. Et à la bagarre.
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Pas de règles
Avec Battle League Football, le studio canadien Next Level Games, propriété de Nintendo depuis l’an dernier et responsable par ailleurs du très bon Luigi’s Mansion 3, invite pour la troisième fois la bande à Mario à se défier balle au pied. Mais ce nouveau Mario Strikers s’inscrit aussi plus généralement dans une histoire joyeusement transgressive du jeu de foot, celle de Soccer Brawl ou de Sega Soccer Slam pour le droit à la brutalité, mais aussi de tous les dérivés, officiels ou non, de Captain Tsubasa (aka Olive et Tom chez nous) qui tournent ostensiblement le dos aux velléités réalistes d’un FIFA. Ou, plutôt, qui s’attachent à un autre aspect du sport tout aussi digne d’être mis en scène : sa dimension fantasmatique et enfantine. On dirait qu’on serait les plus forts du monde, qu’on ferait des sauts de folie, des retournés dans tous les sens… Et quoi de plus noble, pour le jeu vidéo, que de simuler ce qui n’existe que dans nos cœurs et nos esprits ?
Yoshi tape dans le ballon avec sa langue, Waluigi l’attrape à pleines mains pour partir avec comme un joueur de rugby ou de handball et Donkey Kong se précipite sur Luigi pour l’empêcher de le contrôler. Il n’existe aucune règle ici, si ce n’est celle du temps restant à jouer qui décroît inéluctablement. Comme dans Mario Kart, on trouve aussi des objets à ramasser, carapace à projeter sur l’adversaire, champignon accélérateur (parfait pour lancer Peach vers le but) ou étoile rendant momentanément invincible. Et puis il y a les ”hyper-frappes”, qui comptent double et peuvent renverser le cours d’un match.
Jouer collectif
Pour un résultat confus au possible ? Souvent et, comme dans Super Smash Bros, c’est justement là que ça devient intéressant car, contrairement aux apparences, l’enjeu, dans Battle League Football, n’est pas de se montrer plus fort·e que l’adversaire mais plus cohérent·e, de jouer vite et précis pour retrouver la fluidité, la continuité que le jeu semble vouloir nous interdire. Même pour l’hyper-frappe qui, sous ses airs de célébration de puissance solitaire, suppose un vrai bon jeu collectif pour démarquer celui ou celle qui va la décocher.
Pensé avant tout pour les parties à plusieurs, sur le même écran ou via l’Internet, et sans doute mieux armé que Mario Tennis Aces ou Mario Golf Rush pour prendre le relais de l’inusable Mario Kart, Battle League Football peut ainsi se voir comme un défi lancé à notre lucidité autant qu’à notre habileté. Surtout, garder la tête froide, ne pas paniquer et s’appliquer à faire émerger notre ligne claire au milieu du chaos. En d’autres mots : du pur Mario.
Mario Strikers : Battle League Football (Next Level Games/Nintendo), sur Switch, environ 60€
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