Ce mardi 7 juin, une édition du roman de Margaret Atwood a été vendue aux enchères pour défendre la liberté d’expression aux États-Unis.
Le roman dystopique de Margaret Atwood, adapté en série sur OCS, a fait l’objet de nombreuses controverses depuis sa sortie en 1985. Le roman dépeint la vie de “servantes”, des femmes fertiles transformées en esclaves sexuelles, dans une théocratie dominée par une poignée de privilégiés et obnubilée par le taux de croissance. Le contenu explicitement sexuel de certains passages a exposé le roman à la censure.
C’est en réaction à l’interdiction croissante de livres dans les écoles et bibliothèques américaines (Beloved de Toni Morrison, All American Boys de Jason Reynolds et Brendan Kiely ou encore Mauss d’Art Spiegelman ont été supprimés des programmes scolaires et des bibliothèques suite à des plaintes de parents) qu’Atwood et son éditeur, Penguin Random House, ont conçu un exemplaire unique et “imbrûlable” de La Servante écarlate. L’objectif de la manœuvre ? Prouver via un coup marketing que l’on ne peut pas museler les auteur·trices et outrepasser leur liberté d’expression.
L’autrice c’est elle-même mise en scène sur les réseaux sociaux, munie d’un lance-flammes pour tester la résistance du livre et promouvoir une vente aux enchères. Les recettes de cette vente, qui sont montées à 130 000 dollars (l’équivalent d’environ 120 000 €), seront reversées à l’organisation PEN America qui soutient et défend les artistes et auteur·trices et lutte contre la censure.
Des sujets tabous
Cette même organisation a récemment publié un rapport alarmiste recensant l’interdiction de 1 586 dans les écoles américaines. Le Texas se place en tête parmi les États les plus liberticides en la matière. Couleur de peau, orientation sexuelle, sexe et violences faites aux femmes sont autant de sujets tabous dans la littérature américaine, non enseignés et bannis des écoles publiques. Cette édition est fabriquée avec des fils de nickel, d’acier inoxydable et d’aluminium. L’encre utilisée pour l’impression est résistance au feu.
La PDG de PEN America, Suzanne Nossel, déclarait à son propos que “ce livre imbrûlable est un emblème de notre détermination collective à protéger les livres, les histoires et les idées de ceux qui les craignent et les vilipendent.”