Le photographe Olivier Amsellem a immortalisé les meilleurs moments du 32e Festival international de mode et de photographie de Hyères pour Les Inrockuptibles
La beauté d’Ala.ni qui chantait en jouant les équilibristes perchée sur l’une des arêtes de la Villa Noailles, la féminité sexy-trouble des robes plastiques, aquatiques et inquiétantes de Vanessa Schindler (Grand Prix du jury), la jeunesse irlandaise désenchantée capturée par Daragh Soden (Grand Prix de la photo)… Sans oublier les coups de gueule de Jean-Pierre Blanc, superprésident du festival, contre le FN, et les litres de sueur versés pendant les DJ-sets de Kiddy Smile ou Louise Chen. Durant quatre jours, Hyères a vécu au rythme de la jeunesse, de la recherche, du plaisir et de la créativité. Vivement l’année prochaine !
Cette jolie madame vêtue de plastique nous vient du futur antérieur. Elle naît dans l’esprit hyperactif de la jeune créatrice suisse Vanessa Schindler et se révèle au grand jour lors du catwalk final du festival de Hyères 2017. Cet accoutrement provient de la première collection, Urethane Pool: chapitre 2, de la styliste diplômée de la Haute Ecole d’art et de design de Genève (HEAD), et détonne par son utilisation de l’uréthane. Ce polymère liquide est généralement utilisé comme un liant et une matière de revêtement, notamment dans le design industriel.
Arte povera
Là, dans une démarche s’apparentant au courant arte povera, ce matériau fonctionnel, a priori jamais destiné à la moindre lecture sensuelle, est orné de moulages de coquillages. Il se fond et se meut dans des tissus classiques, sans la moindre couture, tout en transparence. Alliant prouesse technique et réflexion sur le vrai, le faux et le noble, la collection se pare aussi de fourrure fièrement fausse, pour ébranler la hiérarchie textile.
Bertrand Guyon, directeur artistique de la maison Schiaparelli et directeur du jury de mode cette année, salue “l’utilisation très subtile d’une matière pourtant pauvre associée à la fausse fourrure, au jersey. Une alchimie inattendue, semblable à la plus précieuse des broderies qui semble bouger avec le corps. Une beauté sensuelle et délicate, féminine et forte à la fois.”
Designer en herbe
Quant à la designer en herbe, elle dit se passionner pour “la modernisation de l’artisanat, ce qui permet de soulever la question de la main humaine, de son rapport à la matière utilisée, de la valeur de ce qui nous entoure – afin de sortir du monde extrêmement codifié du luxe classique”. Elle ajoute que cette collection est “un projet de réflexion sur la mode, la production, le savoir-faire à l’heure actuelle”.
Face à une tendance sportswear et jeuniste, elle propose une féminité assumée, moderne, ni sexiste ni passéiste, et une sophistication qui passe aussi par les récits invisibles de chaque pièce